L’Italie et l’immigration : le chemin inverse

Olivier Doubre  • 8 février 2007 abonné·es

Longtemps, l’Italie fut un pays d’émigration, aussi bien vers le nord de l’Europe que vers le Nouveau Monde. Mais, à partir des années 1980, alors que certains de ses émigrés rentraient au pays, des immigrés commencèrent à arriver, obligeant à l’adoption ­ quasiment dans l’urgence ­ d’une législation en la matière. Depuis, le phénomène n’a fait que s’amplifier, la péninsule étant devenue une des principales portes d’entrée de l’immigration (illégale) en Europe. Chaque année, des milliers d’embarcations de clandestins atteignent ses côtes méridionales.

En 2006, l’Italie comptait environ 3,4 millions d’immigrés. Leur nombre s’accroît fortement chaque année avec, en 2005, une progression de 11,2 %, à la suite de la régularisation de plus de 650 000 clandestins à laquelle a dû se résigner le gouvernement Berlusconi. Cette augmentation a également pour cause le nombre important de naissances issues de couples étrangers, qui, en 2005, approchait les 50 000. Or celui-ci ne compense pas la diminution de la population (de nationalité) italienne de 62 000 personnes la même année. L’Italie connaît en effet l’un des taux de fécondité les plus bas du monde avec 1,33 enfant par femme, même s’il est légèrement remonté depuis les années 1990 (où il avait chuté jusqu’à 1,19 !).

Si l’immigration permet donc d’atténuer ce solde négatif de la population résidente, elle n’influe toutefois pas sur le recensement de la population nationale. L’Italie a en effet conservé un régime de droit du sang, institué au XIXe siècle, afin de maintenir un lien avec les millions d’émigrés transalpins qui quittaient alors leur pays. Cela a permis récemment à quelques milliers de Sud-Américains de faire valoir leur origine italienne pour emprunter, parfois un siècle plus tard, le chemin inverse de leurs aïeux et s’installer ainsi sans problème de papiers…

Cependant, outre la question d’une bonne intégration des immigrés, le fort taux de fécondité de ceux-ci amène aujourd’hui l’Italie à s’interroger sur l’opportunité de remplacer le jus sanguis par un régime de droit du sol, comme la majorité des pays européens.

Société
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