La Bourse ou le salaire

Thierry Brun  • 29 mars 2007 abonné·es

En quatre semaines de grève, les ouvriers de la chaîne de montage de Citroën à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont remis au goût du jour une revendication oubliée dans la campagne présidentielle : la hausse des salaires. Le conflit a débuté au lendemain de la victoire des salariés de Magneto, un sous-traitant du site d’Aulnay, qui a lâché une augmentation de salaire de 100 euros nets après cinq jours de grève. L’accord obtenu le même jour chez PSA, prévoyant une augmentation de 26 euros par mois, a mis le feu aux poudres.

Près de 500 grévistes bloquent une partie de la chaîne de production, dans une usine qui emploie 4 500 salariés et a massivement recours aux intérimaires. Ils ont le soutien de la CGT, de SUD, de l’Unsa et de la CFDT, et exigent une hausse des salaires de 300 euros (1 525 euros net mensuels). « C’est le pouvoir d’achat qu’on a perdu en dix ans. Ils les ont, ils nous les doivent » , explique Philippe Julien, délégué de la CGT. Les grévistes réclament aussi des mesures de préretraite pour les ouvriers de plus de 55 ans et l’embauche des intérimaires.

La direction a tenté de casser le mouvement : des lettres ont été envoyées aux salariés, rappelant la somme qu’ils allaient perdre en jours de grève. Elle a été condamnée au tribunal de Bobigny pour « recours illégal à des salariés intérimaires portant atteinte au droit de grève » et devra verser 100 000 euros d’amende par infraction constatée. « Dire oui aux grévistes représenterait un coût de 800 millions d’euros, ce qui n’est pas possible compte tenu du contexte économique et des résultats du groupe : 176 millions d’euros cette année » , justifie PSA, qui refuse de nouvelles négociations. « En cinq ans, la direction a détruit des milliers d’actions, représentant 2,5 milliards d’euros, pour faire monter le cours de l’action en Bourse » , répond Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central de la CGT-PSA. Les grévistes ont été reçus le 26 mars au ministère du Travail et ont demandé aux pouvoirs publics d’intervenir dans le conflit.

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