Les étudiants et Max Havelaar

Rémy Artignan  • 8 mars 2007 abonné·es

Sensibilisation aux dérives du commerce mondial ou stratégie marketing discutable ? Du 12 au 18 mars aura lieu la 3e Semaine étudiante du commerce équitable (Sece). L’événement est à l’initiative de l’association Max Havelaar. Vitrine de la manifestation : un site Internet () sur lequel on peut s’engager, en quelques clics, à sensibiliser un nombre défini de personnes ( « mes proches, 5 personnes », « mon magasin, 80 personnes » …). Des kits sont à la disposition des associations étudiantes, invitées à mettre en place des animations de promotion du commerce équitable (CE). Au choix : un stand d’information et de dégustation, une conférence-débat, une projection, une exposition, un concert, un défilé de mode équitable, une animation en magasin [^2]… Et une lettre type invitant les étudiants à réclamer des produits Max Havelaar au chef de rayon de leur « magasin préféré » (« Je vous demande d’introduire dans vos rayons au moins l’un des produits de la gamme garantie par le label Max Havelaar et déjà distribuée dans plus de 10 000 points de vente en France »).

Le logo de la marque est omniprésent. L’année dernière, il était même diffusé sous forme de pastilles adhésives. L’édition 2006 avait été lancée par 56 flash mobs [^3], où les étudiants volontaires marquaient leur engagement en s’attachant les uns aux autres avec un scotch biodégradable aux couleurs de Max Havelaar…

Certaines des associations partenaires que nous avons contactées disent être conscientes des limites de l’exercice. Augustin Westphal, délégué général d’Étudiant et Développement, explique : « On plaide pour que cette semaine soit la rencontre entre le milieu étudiant et le milieu du CE. Et Max Havelaar ne représente pas tout le CE. » Quoi qu’il en soit, c’est sur le terrain que se poseront les vraies questions. « On tient à ce que la Sece soit l’occasion pour des jeunes de se demander quel monde ils ont envie de construire, et pas seulement comment ils ont envie de consommer. »

Manifestement, les associations étudiantes ne sont pas dupes, et profitent de l’occasion pour sensibiliser aux problématiques Nord-Sud. Ahmed El Khadiri, du réseau Animafac, résume : « Différentes visions du CE s’opposent parmi les acteurs étudiants, mais les gens ont surtout le désir de construire ensemble. » Max Havelaar a le mérite de leur fournir gratuitement des produits ou des supports de communication. À charge pour les étudiants de montrer que les études, ça permet d’aller voir plus loin que le bout du prospectus…

[^2]: Dans son n° 934, Politis relevait déjà le caractère discutable de l’usage du bénévolat à des fins marketing par Max Havelaar.

[^3]: Mobilisations éclairs avec ou sans revendication.

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