Sarkozy contre La Rumeur ?

Clotilde Monteiro  • 19 juillet 2007 abonné·es

« La vindicte se poursuit », constate La Rumeur sur son site. Le 11 juillet, la Cour de cassation a en effet renvoyé devant le tribunal un des rappeurs du groupe, Mohamed Bourokba, dit Hamé, pour diffamation. La relaxe avait pourtant été prononcée en première instance puis confirmée en appel, le 23 juin 2006. L’explication de cette volte-face est toute trouvée, selon Hamé et son avocat, puisque c’est Nicolas Sarkozy, aujourd’hui président de la République, qui, en 2002, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, avait porté plainte contre le rappeur. Depuis, Hamé est poursuivi pour avoir dénoncé « le passif des brutalités et des crimes policiers envers les populations immigrées, restés impunis » , dans un article publié à l’époque dans le fanzine du groupe. Cinq années d’une bataille judiciaire au cours de laquelle Hamé a notamment expliqué que ces propos se référaient « aux victimes du 17 octobre 1961, en passant par le décès emblématique de Malik Oussekine en 1986, jusqu’à des bavures policières plus récentes ».

L’avocat général de la Cour de cassation, Jacques Mouton, a estimé que les propos du musicien étaient « de nature à porter atteinte à l’honneur et à la considération de la police nationale » . Hamé estime que l’avocat général a ignoré le sens profond de son article ainsi que les textes qui encadrent le droit de la presse : « Je n’ai jamais écrit que la police avait tué des centaines de jeunes de banlieue. On dénature mes propos pour les faire tomber sous le coup de la diffamation. » L’affaire est donc renvoyée devant la cour d’appel de Versailles. En attendant, une pétition de soutien à Hamé, dont les premiers signataires sont Manu Chao, Noir désir, Christophe Honoré, Benjamin Biolay, Denis Robert, Esther Benbassa et Jean-Marc Berlière, est consultable sur la-rumeur.com.

Société
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