« Échanger des savoir-faire »

Jean-François Van den Bossche, coordinateur de l’Agence
pour le développement de l’économie solidaire en Midi-Pyrénées, présente une initiative de regroupement par activité.

Yoran Jolivet  • 30 août 2007 abonné·es

L’Agence pour le développement et la promotion de l’économie solidaire en Midi-Pyrénées (Adepés) a créé des pôles d’activité regroupant les acteurs de l’économie solidaire. Quelle est leur fonction ?

Jean-François Van den Bossche : Il existe six pôles d’activité dans la région Midi-Pyrénées depuis le début de l’année. On y trouve les secteurs « restauration, bar, hébergement », « développement culturel », « accompagnement à la création d’activité », « écoconstruction et habitat », « tourisme solidaire » et « transport et mobilité ». Le but de tels regroupements est de permettre aux acteurs concernés d’échanger des outils et des savoir-faire, de s’interroger sur leurs statuts et sur leurs difficultés. La finalité de ces rencontres étant de trouver des solutions communes pour pérenniser leurs activités. Ces regroupements permettent également d’interpeller l’État et les collectivités en montrant que les entreprises de l’économie solidaire existent et jouent un rôle important dans le développement économique local.

Il existe déjà des réunions plus ou moins formelles des acteurs de l’économie solidaire. D’où vient le besoin de se regrouper par secteur d’activité ?

La création de ces pôles vient dans la continuité des actions réalisées en 2005 et 2006 lors des quinzaines de l’économie solidaire de Midi-Pyrénées. Le nombre de manifestations organisées chaque année croît très rapidement. C’est donc dans la suite logique de ces actions que les entreprises nous ont dit : « On doit se regrouper par secteur car on a besoin de mieux se connaître pour travailler ensemble. » Les premières réunions ont ainsi eu lieu fin 2006 autour du pôle « restauration, bar, hébergement », puis les autres pôles se sont constitués au début de l’année 2007.

Quels sont les acteurs concernés ?

Ce sont souvent de petites entreprises avec moins d’une dizaine de salariés et une diversité de statuts propre à l’économie solidaire (associatif, SARL, coopérative). Cela représente plus d’une centaine d’entreprises (500 emplois) sur les 500 acteurs que compte la région. Si certains d’entre eux ne participent pas à ces pôles, c’est soit parce qu’ils ne connaissent pas cette initiative, soit par manque de disponibilité car ils travaillent déjà dans d’autres réseaux. D’ailleurs, l’intérêt des pôles réside dans la motivation et l’implication des acteurs, qui maîtrisent l’ordre du jour et la fréquence des réunions. Même si cela leur prend du temps, c’est un bel outil pour eux. Certains ont organisé quatre réunions en six mois, et c’est déjà un exploit compte tenu de leurs occupations et de la dispersion géographique.

Quels types de discussions animent les réunions ?

Dans le pôle « bar et restauration », par exemple, on discute des ratios utilisés pour déterminer les marges, et des critères pour établir ces ratios. On travaille également sur l’amélioration des systèmes d’achats, notamment, sur la manière de se regrouper afin d’obtenir de meilleurs prix. Un restaurant était en difficulté, les participants de ce pôle l’ont aidé à élaborer une nouvelle communication pour cibler un public différent. On observe une véritable solidarité. Dans le pôle du « développement culturel », les participants tentent de répondre aux questions : « Quelle identité pour la culture dans l’économie solidaire ? Quels financements pour la culture ? Quel est l’impact économique de la culture solidaire ? » Pour le pôle « habitat », à partir du constat d’une demande de logements sous-évaluée et d’une production toujours en retard, ils s’interrogent sur l’accès au foncier, sur la manière d’informer les élus ou sur les taux de rotation et la saturation des parcs.

Quelle est la portée actuelle de ces regroupements ?

Les gens ne pensaient pas qu’ils étaient aussi nombreux. Maintenant, ils s’en rendent compte et cela les renforce. Quand ils se rencontrent, ils s’aperçoivent qu’ils partagent réussites et difficultés, et ils souhaitent donc améliorer la qualité de leur travail. Ces réunions permettent d’accueillir les porteurs de projet et de mutualiser un grand nombre d’éléments, comme les achats, les outils de formation et les moyens de communication. Dans le pôle du « tourisme solidaire », par exemple, les participants envisagent de monter un stand commun dans les forums, les salons et les festivals. Dans le secteur de l’habitat, face au déficit de main-d’oeuvre, ils veulent créer une filière de formation dans l’écoconstruction et sensibiliser les artisans à ces nouvelles méthodes.

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