Le dossier médical personnel creuse le trou

Ingrid Merckx  • 3 juillet 2008 abonné·es

« Mieux soigner en dépensant mieux », tel est le slogan du DMP. Soit le dossier médical personnel électronique accessible par Internet, qui a été lancé par la loi du 13 août 2004 pour faciliter « la coordination et les échanges d’information entre les professionnels de santé ». Problème : cet instrument sur lequel doit reposer une partie de la réduction des dépenses de santé va commencer par les accroître sévèrement, si ce n’est définitivement. Le DMP coûte environ 550 euros à l’unité (contre 30 euros pour son équivalent anglais) et un milliard pour sa mise en œuvre générale de 2006 à 2010.

Pour quelle efficacité ?, interroge le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), qui doute de la sécurisation des données enregistrées dans le dossier comme des retombées économiques d’un tel outil. « Dans une situation de pénurie des ressources économiques, une gestion efficace du système de soin est à la fois une exigence de santé publique (la qualité des soins en dépend au moins en partie) et une obligation éthique (ne pas gaspiller l’argent public revient à ne pas compromettre la santé des plus démunis ni celle des générations futures) » , a estimé le comité dans un avis négatif rendu le 12 juin.

Le projet est déjà en place à titre expérimental dans 17 sites pilotes répartis dans 13 régions et 100 établissements de santé. 38 200 DMP ont été ouverts, alors même que l’informatisation du système de santé « ne semble pas avoir atteint le niveau quantitatif et qualitatif nécessaire à la mise en place du DMP », avertit le CCNE.
Le DMP, « dans sa conception actuelle, ne peut pas être adopté pour chaque citoyen, à l’échelle nationale, dans la mesure où il ne répond pas aux objectifs poursuivis, alors que son coût de mise en œuvre est très élevé » , insiste le comité. Le 18 juin, Roselyne Bachelot a retiré son caractère obligatoire mais annoncé, vaille que vaille, la « poursuite du projet » en vue de son extension sur tout le territoire. Allez comprendre…

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