Gare aux usagers !

La SNCF réduit les services de la gare de Gien, comme elle l’a fait dans plusieurs autres villes. Les habitants et des élus protestent.

Claude-Marie Vadrot  • 11 septembre 2008 abonné·es

De plus en plus fréquemment, en gare de Gien (17 000 habitants, 140 km de Paris), un carton se balance dans le petit hall : « Guichet fermé, pas de personnel, veuillez nous excuser. » Signe discret parmi d’autres d’un dépouillement progressif du service rendu au public, recul constaté depuis cinq ans sur cette ligne qui relie Paris à Nevers et Clermont-Ferrand. Les responsables de la SNCF procèdent par petites touches correspondant à des plans de gestion secrets qui précèdent de loin l’annonce des décisions officielles.
L’histoire de Gien, de sa gare et de la ligne qui la traverse n’a rien d’extraordinaire : des centaines de gares et des centaines de milliers de voyageurs subissent le même rétrécissement du service public. À Gien, cela commence par la fermeture de l’un des deux guichets, suivie par l’installation d’un distributeur de billets. Puis la SNCF décide de fermer la gare le soir, avant l’arrivée du dernier train. Ne reste plus qu’à transférer le distributeur à l’extérieur du bâtiment et à fermer la gare une partie du week-end. Il y a trois mois, la machine à composter a également été transférée à l’extérieur. Tout est prêt pour une fermeture de la gare.

La SNCF annonce périodiquement la suppression de trains et d’arrêts. Puis, après négociations assorties d’une « participation » des départements ou régions desservies, elle revient en partie sur ses décisions. Mais, à chaque fois, demeure un recul des fréquences de desserte. Pour les habitués allant travailler tous les jours à Paris ou en région parisienne, et pour tous les autres. Une incitation à la voiture et, c’est mathématique, une diminution du nombre des voyageurs qui sert de prétexte à « une nouvelle offre » (c’est comme cela que s’exprime la SNCF), laquelle passe inévitablement par d’autres suppressions de train, d’arrêts et de personnels.
Depuis juillet, il est question, très officiellement d’une nouvelle diminution de la desserte vers Paris et Nevers et de changements horaires qui entraîneront, c’est toujours mathématique, une diminution du nombre des voyageurs ; puis, plus tard, de nouveaux trains. En gros, l’offre va diminuer de moitié.

À l’initiative de Sylvie Vauvilliers, conseillère municipale (PCF) et animatrice du Comité de défense des usagers des services publics du Giennois, une protestation s’organise. Il y a quelques semaines, quelques centaines d’usagers protestent à la gare même, « protégés » par une dizaine de gendarmes. À cette manifestation se joignent des maires et élus de droite. À Gien, le maire conseiller général, Jean-Pierre Hurtiger, et le député UMP Jean-Pierre Door soutiennent la manifestation alors qu’ils sont partisans (le député l’a voté) du démantèlement du service public. Sauf, au moins en paroles, quand cela concerne leurs administrés. Un autre grand classique de la réduction du service public : accepté à Paris dans l’enthousiasme néolibéral et refusé sur le terrain avec des protestations vertueuses.

Toutes les négociations butent sur une nouvelle réalité. Les collectivités territoriales refusent désormais de céder au chantage classique de la SNCF : payez ces trains, subventionnez-les, et nous les maintiendrons ou nous en conserverons certains. Résultat, fureur des usagers et nouvelle manifestation prévue pour le 16 septembre. Reste à savoir si la droite pourfendeuse du « gaspillage des services publics » ira jusqu’à accepter ce qui fut efficace ailleurs : l’occupation des voies. Comme partout, pour la SNCF, l’essentiel est « d’essayer » et de réussir en partie…

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