Le débat de l’espoir

Plusieurs centaines de personnes ont participé au débat sur l’Appel de « Politis » à la Fête de l’Humanité. Prochaine étape, la réunion nationale des signataires, le 11 octobre à Gennevilliers.

Denis Sieffert  • 18 septembre 2008
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En dépit des difficultés du parti communiste, la Fête de l’Humanité reste une grande et belle fête populaire alliant bonne chère et débats démocratiques. Ou, pour le dire autrement, merguez et avenir de la gauche. Un événement foisonnant dont il est impossible de rendre compte complètement. Pas étonnant dans ces conditions que nos confrères fassent des choix. On pourrait tout juste leur reprocher un caractère un peu moutonnier. Plutôt un bon mot de François Hollande en visite expresse dans le parc de la Courneuve qu’un débat rassemblant plusieurs centaines de per­sonnes. Plutôt une photo de Nicolas Hulot que la confrontation en un même lieu de onze orateurs représentant toutes les origines politiques de la gauche et de l’écologie.

Illustration - Le débat de l’espoir

Quelque cinq cents personnes ont écouté les orateurs de divers horizons.
Michel Soudais

On se gardera de verser dans l’analyse de mœurs sur notre profession. Balzac a déjà tout dit sur la question. Mais personne ne nous en voudra de réparer tout de même ici un oubli quasi général dans la presse de lundi. À part l’Humanité , bien sûr, et surtout Mediapart, qui titrait « l’Appel de Politis franchit une nouvelle étape » , et rendait compte d’un débat mené dans « une salle pleine à craquer » , rien, pas une allusion au succès de notre initiative.

Pour en donner la mesure à ceux qui n’y étaient pas, il faut dire tout d’abord que le stand de Politis , débordé samedi sur le coup de 18 h 30, n’y a pas suffi. Il a fallu détourner la foule vers le chapiteau de 150 mètres carrés des Communistes unitaires, qui, pour le coup, n’ont pas failli à leur nom en nous accueillant chaleureusement. Combien étions-nous ? Entre ceux qui se pressaient sous le chapiteau et ceux qui, restés au dehors, pestaient de ne pas entendre, peut-être cinq cents ? Dans ces eaux-là sans aucun doute.
Mais au-delà même du nombre, c’est une certaine gravité qui frappait les esprits. Neuf orateurs se sont succédé, sans fanfaronnades ni effets de tribune, pour expliquer les raisons de leur engagement dans l’Appel de Politis, analyser les difficultés de la tâche [^2] et faire part de leurs souhaits. Certes, les mots n’étaient pas toujours les mêmes, comme était teintée de nuances l’idée que chacun se fait de la structure qui doit sortir de la réunion nationale des signataires, le 11 octobre à Gennevilliers. Mais, comme nous avons pu le noter en conclusion, c’est la volonté commune de réussir et de ne surtout pas reproduire les erreurs du passé qui crée, malgré tout, cette confiance raisonnable qui dominait les interventions.

En plus des protagonistes de l’Appel, deux personnalités ont pris la parole, qui portent sur notre initiative un regard critique. Anne Leclerc (LCR-NPA) a exposé, mais avec un réel souci d’ouverture, les raisons pour lesquelles son organisation n’était pas signataire d’un texte jugé « trop mou ». Quant à Jean-Luc Mélenchon (PS), il a évoqué « le trimestre décisif qui arrive » , rappelant que, « pour l’instant, [son] devoir est d’être utile à la gauche dans [son] parti » . Tout en ajoutant : « Mais à la fin des congrès de chacun, nous agirons selon nos principes, et rien ne nous fera peur. » Ce qui entrouvre la possibilité d’un divorce avec un PS qui confirmerait sa droitisation.
Autre agenda, celui de Marie-Pierre Vieu (PCF), signataire de l’Appel, soucieuse de réaffirmer sa « loyauté envers [son] parti » . C’est l’une des particularités de l’exercice : rassembler, fédérer, mais en respectant les forces existantes et les impératifs de chacun. Quoi qu’il en soit, la volonté existe de fonder le 11 octobre ce cadre concret d’action et de réflexion, et de sceller ce « pacte » dont parle l’Appel. Le sentiment de l’urgence est partagé. C’est d’ailleurs l’un des arguments forts d’Anne Leclerc. Mais l’urgence que dicte la situation ne doit pas entamer l’unité de toutes les forces de la gauche antilibérale. Rendez-vous à présent à Gennevilliers [^3]. Après ce que l’un des participants a appelé *« le débat de l’espoir ».
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[^2]: Clémentine Autain (Communistes unitaires et NPA), Martine Billard (Verts), Éric Coquerel (Mars), Marc Dolez (PS), Pierre Laporte (Collectifs antilibéraux), Roger Martelli (Communistes unitaires), Roland Merieux (Alternatifs), Christian Picquet (LCR-Unir) et Marie-Pierre Vieu (PCF)

[^3]: Nous apporterons prochainement toutes les précisions utiles sur cette réunion, qui se déroulera de 10 h à 18 h à la salle des fêtes. Nous publierons dans le numéro du 25 septembre quatre pages spéciales à ce sujet. Mais nous avons d’ores et déjà besoin d’évaluer le nombre des présents, au moins… pour les plateaux-repas. Merci de faire connaître vos intentions, individuellement ou par délégations de villes ou de régions, à Brigitte Hautin (01 55 25 86 86), de 9 h à 17 h, ou à .

Politique
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