Avoir un libre choix

Lorsqu’on achète un ordinateur, on paye aussi les « suites » installées dedans. Un système de vente forcée dénoncé par les défenseurs des logiciels libres.

Christine Tréguier  • 24 décembre 2008 abonné·es

Entre un ordinateur PC nu et un ordinateur équipé de Windows, sa suite Office et quelques logiciels propriétaires, on estime qu’il y a de 80 à 200 euros de différence. Soit 12 à 40 % sur un prix moyen d’achat de 600 euros. Les acheteurs paient donc les logiciels préinstallés à leur insu, le tarif affiché étant un tarif global. Ce système de vente liée, de mise depuis les débuts de l’informatique grand public, ne leur laisse pas le choix d’opter pour un système et des logiciels libres (LL), souvent téléchargeables gratuitement, ou vendus à prix coûtant avec la documentation ad hoc .
Après des années de revendications et de procès, les militants du Libre ont récemment obtenu du secrétaire d’État chargé de l’Industrie et de la Consommation, Luc Chatel, qu’il fasse enfin un pas pour casser cette rente illégitime. La vente liée n’est toujours pas interdite, mais l’affichage doit désormais être clair et dissocier machine et logiciels.
Oui, mais… les fêtes de Noël – période propice à la vente – sont arrivées, et point d’affichage. Dans les rayons des boutiques ou de la grande distribution, rien n’a changé ou presque. L’association April a interpellé Luc Chatel. Sans doute répondra-t-il… l’année prochaine ! « C’est un vrai enjeu commercial , dit Frédéric Couchet, d’April, les logiciels libres sont gratuits ou peu chers et, en période de crise, 100 euros de moins sur l’achat d’un ordinateur peuvent être décisif. Et puis il n’est pas acceptable de prendre les gens en otages en leur vendant par exemple une machine équipée d’un antivirus, en fait d’une démo, et de les faire repayer trois mois plus tard. »

Le conflit entre LL (fondés sur l’échange et le libre choix) et logiciels propriétaires (fondés sur la rente d’une clientèle captive) est également perceptible dans le domaine de la formation. Microsoft fourgue ses programmes à l’Éducation nationale à coup de li­cences à prix cassés. Les enfants apprennent ainsi l’informatique sous Windows, et pour qu’ils travaillent à la maison, les parents vont bien sûr acheter du Microsoft… au prix fort. Une pratique concurrentielle perverse qui fait bondir les militants du Libre.

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