Cadeaux de relance

Thierry Brun  • 11 décembre 2008 abonné·es

Vingt-six milliards d’euros pour relancer l’économie, c’est peu si l’on rappelle qu’il a fallu 360 milliards pour le seul plan de sauvetage des banques. Et c’est beaucoup pour des entreprises qui bénéficient déjà de plus de 31 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales (en 2008) sans contrepartie en matière d’emploi. En tout, 65 milliards d’euros sont distribués chaque année en aides publiques aux entreprises (subventions et exonérations de cotisations), a évalué la Cour des comptes en 2007, sans que l’efficacité en termes d’emploi soit prouvée.
Nicolas Sarkozy s’est donc bien gardé de rappeler l’important soutien public aux entreprises lors de la présentation de son plan de relance à Douai (Nord) le 4 décembre. La priorité donnée à l’investissement pour « soutenir l’activité d’aujourd’hui et préparer la compétitivité de demain » apparaît surestimée. Pour faire bonne mesure, le chef de l’État a certes tenu à préciser qu’ « il n’y aura pas de sauvetage » d’entreprise « sans contrepartie » , « pas d’aide sans engagement à ne pas délocaliser » . Mais ces menaces maintes fois réitérées sont jusqu’à présent restées sans lendemain. Et n’inquiètent pas le Medef, qui partage les choix présidentiels et cette « vision qui privilégie l’investissement sur le fonctionnement, l’efficacité sur la bureaucratie, le travail ou le retour le plus vite possible au travail sur l’assistanat ».

Le plan apporte 11,5 milliards d’euros d’argent frais aux multinationales en anticipant le remboursement de leurs dettes. Et quelque 10,5 milliards d’euros d’investissements supplémentaires de l’État pour accélérer divers programmes d’équipements publics (hôpitaux. universités, logements, etc.). L’industrie automobile y trouve aussi son compte avec la prime de 1 000 euros conditionnée à l’achat d’un véhicule émettant moins de 160 g de CO2. Les constructeurs automobiles et les sous-traitants bénéficieront d’un fonds d’investissement doté de 300 millions d’euros pour les aider à restructurer la filière. En tout, les 26 milliards confiés au nouveau ministre Patrick Devedjian sont accordés sans contrôle à des multinationales qui continueront de verser profits et dividendes aux actionnaires.
Seulement 10 % du plan sera consacré au pouvoir d’achat, pour les familles les plus modestes. L’État versera à la fin mars 2009 une prime de 200 euros à quelque 3,8 millions de ménages modestes, un coût estimé à 760 millions d’euros. Une obole, diront certains, alors que près de 70 milliards de cadeaux fiscaux sont destinés aux plus riches sous la forme de niches fiscales.

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