On ne fiche pas les enfants !

Politis  • 24 décembre 2008
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Certains directeurs d’école n’en démordent pas, ils refusent de renseigner le fichier Base élèves (BE), et la suppression des informations les plus sensibles n’y change rien. Pour Christophe Brunault – un des 170 à avoir signé l’Appel à la résistance citoyenne contre le fichage des enfants [[Appel et pétition .
http://petition.bigbrotherawards.eu.org.]] –, cette apparente victoire avait un goût d’inachevé pour les collectifs mobilisés. « Nous avions juste oublié que l’objet même d’une immatriculation des élèves devait suffire à justifier ce combat. » Car, aujourd’hui, le danger, c’est l’existence de la Base nationale identifiant élèves (BNIE), créée concomitamment à BE pour identifier et « numéroter » les gamins. Un registre d’immatriculation (façon Insee) dans lequel figureront à terme et pour trente-cinq ans (!) tous les enfants sans exception. Opaque, sans base légale claire, BNIE pourra, à tout moment, au gré de simples arrêtés ou décrets, être croisé avec des fichiers existants.

« [Notre] engagement est d’agir dans l’intérêt premier des élèves, rappelle Christophe Brunault. Cet objectif entre ici en contradiction violente avec la rhétorique bureaucratique et la terminologie entourant la mise en place de cet outil, qui oublie l’humain pour parler ingénierie éducative. Le paroxysme étant la décision de sanctionner des directeurs ayant l’outrecuidance de s’inquiéter du secret professionnel, de la préservation de la vie privée des familles et de l’évolution future de ce fichier. » Début novembre, quelques courageux directeurs sont donc sortis de l’anonymat. Le Collectif national de résistance à Base élèves est né, puis l’appel exhortant les collègues à refuser de renseigner, de prendre livraison des clés de sécurisation et de signer une décharge qui les rend responsables de toute intrusion future dans BE. Une pétition pour les soutenir a été mise en ligne le 17 décembre. La demande est claire : « abrogation totale » de ces fichiers scolaires et « effacement, sous couvert d’une autorité indépendante, de toutes les données enregistrées ».

Temps de lecture : 2 minutes
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