Un Président mal informé

Participant au colloque « Nouveau monde, nouveau capitalisme », Nicolas Sarkozy a fait l’éloge du capitalisme, ignorant ses alternatives.

Thierry Brun  • 22 janvier 2009 abonné·es

C’est Pascal Lamy en personne, le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, qui, lors du très médiatique colloque « Nouveau monde, nouveau capitalisme », le 8 janvier à Paris, fit la remarque : « L’ordre du jour ne comporte pas l’examen d’alternatives au capitalisme. » En guise de « discours de l’avenir » , Nicolas Sarkozy y a en effet martelé que « la crise du capitalisme financier n’est pas la crise du capitalisme. » « Le remède à la crise n’est pas l’anticapitalisme. La crise appelle à la moralisation du capitalisme et non à sa destruction » , a-t-il ajouté devant un aréopage de personnalités.
Le journaliste du Monde Hervé Kempf a relevé qu’ « au terme de ce colloque s’est dessiné ce que pourrait être le chemin du postcapitalisme, n’en déplaise aux “conservateurs” comme MM. Sarkozy et Rocard [^2] » . Et de s’interroger : « Les formes coopératives de production ne sont-elles pas plus efficaces que le modèle de l’entreprise privée ? »
Il est dommage que le Président ne soit pas mieux informé. Car, quelques jours après ce colloque, s’en tenait un autre [^3], d’envergure internationale, au Cnam à Paris, soutenu par l’Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts, en partenariat avec Politis, Alternatives économiques et l’Institut Polanyi France. Les intervenants y ont décrit un « ensemble d’innovations à la fois en France, en Europe et dans le monde, souvent regroupés sous l’appellation générique d’économie sociale et solidaire » . Dans ce colloque, une liste non exhaustive d’alternatives en matière d’action publique aurait pu inspirer Nicolas Sarkozy pour son discours de l’avenir.
.

[^2]: « Le chemin du postcapitalisme », in le Monde du 15 janvier.

[^3]: De nouvelles politiques pour une économie au service des territoires et des populations, 6e rencontre de l’université populaire et citoyenne de Paris, le 13 janvier au Cnam.

Temps de lecture : 2 minutes