La base cherche une perspective

Après le succès de la journée de grèves et de manifestations du 19 mars, les syndicats restent prudents sur les suites à donner au mouvement. De son côté, le gouvernement n’a pas bougé d’un iota.

Thierry Brun  • 26 mars 2009 abonné·es

Le 29 janvier, puis le 19 mars, qui a rassemblé entre 1,2 et 3 millions de personnes… Et la suite ? Après quatre heures de réunion, le 20 mars, les huit syndicats (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) à l’origine de ces mouvements au succès grandissant ont renvoyé au 30 mars la recherche des « modalités » permettant de donner « plus d’efficacité aux prochaines mobilisations » face à un gouvernement et à un patronat intransigeants. Autrement dit, rien n’a été décidé.
« Contrairement aux autres réunions, la CGT n’avait pas de proposition concrète à présenter » , dit un syndicaliste. Pour le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, « tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut une suite, mais personne n’avait d’idée tranchée sur une hypothèse. Et il y a des organisations qui n’avaient pas de mandat de leurs instances pour trancher de suite ».

Illustration - La base cherche une perspective

Après le 19 mars, tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut une suite. Mais laquelle ? Demarthon/AFP

L’intermittence du rapport de forces agite quelque peu les bases syndicales, dont certaines ont appelé à la poursuite du mouvement, comme le Collectif interprofessionnel de Pont-Audemer, dans l’Eure, et l’Union départementale de la Gironde du syndicat Solidaires, qui s’est associée à la FSU. La CGT du Havre a notamment demandé que la confédération « annonce son intention de bloquer le pays par une grève générale reconductible si possible dans l’unité, jusqu’à satisfaction de nos revendications ».

La FSU et l’Union syndicale Solidaires n’ont pas caché leur volonté de prolonger le 19 mars et avaient proposé une nouvelle mobilisation nationale le 28 mars ou le 4 avril aux confédérations. « On n’a même pas réussi à se mettre d’accord sur la date du 1er mai, qui n’est pas acquise pour la prochaine réunion. Cela promet ! » , regrette Catherine Lebrun, de Solidaires, qui a participé à la réunion du 20 mars. « Viser samedi prochain ou celui d’après, c’est trop court pour être sûr de rassembler les gens et ne pas les fatiguer », a rétorqué Marcel Grignard (CFDT), dont l’organisation, comme FO, n’est pas partisane de journées d’action nationales à répétition. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a aussi indiqué qu’il « n’y avait pas consensus » entre les syndicats sur un nouveau rendez-vous courant avril. Il a, pour sa part, souligné l’importance d’un 1er mai « unitaire », estimant que « c’est l’unité syndicale qui pose problème au gouvernement ».

Pour l’instant, la journée d’action record n’a pas fait bouger le gouvernement. Nicolas Sarkozy s’est contenté de faire de la pédagogie et de parler du sommet du G20 dans un discours prononcé mardi à Saint-Quentin (Aisne). Il devait recevoir les confédérations syndicales cette semaine, avant le sommet du G20 du 2 avril à Londres, et certaines d’entre elles sont restées en contact avec le conseiller social de l’Élysée, Raymond Soubie.
Les syndicats ont beau réaffirmer « leur détermination à soutenir de toutes les manières possibles les salariés avec leurs syndicats engagés dans des actions » et appeler « leurs organisations à amplifier les mobilisations et les initiatives », tout cela manque de perspectives.

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