L’effondrement du communisme

Denis Sieffert  • 23 juillet 2009 abonné·es

A priori, la chute du Mur, c’est cela : l’effondrement du communisme. Mais c’est ensuite une cascade de conséquences qui vont bouleverser notre monde dans ses moindres replis, et que nous avons souvent sous-estimées. Ce sont tous les contre-pouvoirs, même les plus éloignés idéologiquement du stalinisme, qui vont se fissurer avec lui. Car « l’eau du bain », comme dit trivialement la formule, a emporté le bébé avec lui. Le « communisme réel » – le stalinisme – a entraîné dans sa chute l’utopie communiste, les valeurs d’égalité, la culture sociale, et même les instruments conceptuels du marxisme, durablement bannis de nos universités. Ceux qui, au nom du communisme, combattaient son grand dévoiement historique, ont été balayés à leur tour. Ironie de l’histoire ! Inévitablement, les contre-pouvoirs se sont cherché d’autres issues.

Ce sera en partie le « choc des civilisations ». Les paradigmes identitaires se substituent au social. Plus que partout ailleurs, la Russie subit ce contrecoup politique, économique et culturel. Mais, dans nos sociétés occidentales aussi, le curseur se déplace vers la droite. En témoigne notamment le glissement de la social-démocratie vers le néolibéralisme. Le 9 novembre 1989 s’est accompagné de deux illusions. La première, « de droite », était celle d’un triomphe définitif et sans appel du capitalisme dans sa version néo ou ultralibérale ; la seconde, « de gauche », était celle d’une résurgence rapide de l’idée communiste sur d’autres bases, humanistes et écologistes. L’illusion néolibérale a longtemps résisté. Elle est en train de s’effondrer avec la crise. L’illusion de la renaissance quasi immédiate, et quasi automatique, d’un autre idéal social, ennemi de tous les murs, a, elle, au contraire été vite déçue. Mais c’est aussi la crise qui souligne de nouveau l’urgente nécessité de réaliser cet idéal.

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Chute du Mur : 20 ans après
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