Toujours plus précaires

Depuis 2003, la situation des intermittents du spectacle s’est dégradée.

Ingrid Merckx  • 9 juillet 2009 abonné·es

Que deviennent les intermittents ? La question chagrine six ans après la grande grève de 2003 qui avait bloqué plusieurs festivals, dont Avignon. Après plus de quatre ans de ténacité, la mobilisation sans précédent des professionnels du spectacle s’est étiolée du fait des coups successifs portés à leur statut et du manque de forces politiques pour le défendre. Et la précarisation s’est accrue. «  On est passé d’un système de mutualisation à un système par capitalisation, c’est-à-dire renforçant le principe assuranciel individuel » , résume Antonella Corsani, chercheur au laboratoire Ces-Matisse, qui prépare une enquête sur les intermittents depuis la réforme de 2003. Le nouveau mode de calcul de leurs indemnités favorisant le travail régulier et les gros cachets, les plus fragiles ont perdu leur statut. D’après un rapport de l’Igas de novembre 2008, il y aurait 30 % d’intermittents de moins en France.

Les 70 000 restants sont-ils mieux lotis pour autant ? Au contraire : le rythme d’entrées, sorties et nouvelles rentrées se serait accéléré, les 10 % de nouveaux venus chasseraient autant d’anciens. Et les conditions de travail se seraient détériorées dans tout le secteur. Car, effet pervers des restructurations, le remplacement des intermittents par des permanents aurait débouché sur des baisses de salaires et encouragerait la concurrence. Résultats : tensions fortes, raréfaction des emplois et fragilisation des petites structures. Le 16 juillet à Avignon, le Syndeac et la CGT Spectacle lancent un débat public sur le thème : « Quelles ambitions, quelles réformes pour le spectacle vivant ? »

Culture
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