Trait pour trait

Gilles Porte confronte des autoportraits d’enfants du monde entier à leur photo.

Ingrid Merckx  • 7 janvier 2010 abonné·es

Mille bonshommes de toutes les tailles, de toutes les formes. Mais de la même couleur : crayon blanc sur feuille noire. Autoportraits. À côté, leur photographie en couleur : Maini, 6 ans (Malaisie) ; Ifthika, 3 ans (Sri Lanka) ; Deya, 5 ans (Palestine) ; Costel, 6 ans (Moldavie) ; Johan, 6 ans (France) ; Amandine, 8 ans (Burkina)… On met un visage sur un trait. « Tiens, c’est lui ou elle qui a fait ça. » Sur la photo, l’enfant regarde vers l’objectif ; sur le dessin, le bonhomme est à plat. Sur la photo, les vêtements donnent une indication. Pas sur le dessin. Les photos sont mises en scène. Sur le dessin, la mise en scène préalable n’apparaît pas. On cherche un trait de caractère. Et puis, recul : celle qui se voit en soleil, celui qui se voit en footballeur. Recul encore : les bobines s’enchaînent, il y en a tant. En petit, en grand. United faces…

Le cinéaste Gilles Porte est parti des bonshommes dessinés au-dessus des portemanteaux dans l’école de sa fille pour réaliser cette galerie de portraits et d’autoportraits aux quatre coins du monde. Un même dispositif, répétitif. Comme un jeu. On piste le centrage du dessin sur la feuille, les contours, la façon de tracer le ventre ou les cheveux, les éléments de décor… On cherche des ressemblances : Giacometti, Van Gogh… « Toutefois, ce geste ne fait pas de [l’enfant] un artiste » , précise l’écrivain Bernard Chambaz en préface. C’est un geste qui en croise un autre : « Je me dessine, le photographe me prend en photo, je lui donne mon dessin et mon image. Il les publie côte à côte. Ça, c’est moi. Et ça aussi, c’est moi… » Partage de représentations.

Culture
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