Une décroissance nécessaire

Le procès du gigantisme de certaines manifestations sportives ne doit pas tourner au procès du sport lui-même.

Alain Lormon  • 25 février 2010 abonné·es

On ne peut que s’effrayer devant la démesure de certaines manifestations sportives. Les jeux de Vancouver, qui devaient être « écologiques », ne l’ont pas été. Faute de neige (une conséquence du réchauffement climatique ?), il a fallu en importer et en déverser des milliers de tonnes sur les sites des compétitions. Ils ne l’ont pas été non plus pour d’autres raisons, que nous rappelle ici Sophie Chapelle. Car l’essentiel est ailleurs. Les canons à neige auront finalement été fort médiatisés et, au moins implicitement, critiqués. Or, il y a tout ce qu’on ne dit jamais ou presque sur ces grands-messes sportives. C’est « l’après ». Ce qui se passe quand le rideau médiatique retombe. L’endettement des villes et des régions. Les grands chambardements immobiliers et la surproduction des infrastructures, que l’on nous présente toujours comme provisoires et qui sont le plus souvent définitifs.

La vérité, c’est que l’impact de ces gigantesques manifestations désorganise pour longtemps les villes d’accueil. Mais on peut avoir un discours de sobriété et inviter en ce domaine à une sérieuse cure de décroissance, sans pour autant instruire le sempiternel procès du sport en général. Sujet infini de débat et qui, comme la langue d’Esope, peut être la meilleure ou la pire des choses. Il est de bon ton de rappeler les jeux du cirque comme un exutoire qui détourne le peuple de son vrai combat. Mais assister à un match de foot ne devrait pas, en principe, empêcher de participer à une manifestation.

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