Pauvres campagnes

La Fnars organisait le 21 mai une journée de rencontres autour de la précarité en milieu rural.

Clémence Glon  • 27 mai 2010 abonné·es

Un territoire desservi par son image bucolique : le milieu rural, trop souvent opposé à la ville, n’est pas épargné par la précarité. Dans un espace où l’habitat est peu dense, elle se fait moins visible et donc plus difficile à résorber. La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) organisait le 21 mai une journée d’échange sur le sujet.
D’après l’Insee, qui qualifie de rurale toute agglomération inférieure à 2 000 habitants, près de 11 millions de Français vivent à la campagne. Les inégalités sociales y sont moins fortes qu’en ville, mais le taux de pauvreté y est supérieur à la moyenne nationale. « Les représentations du monde rural ont évolué, explique ­Alexandre Pagès, sociologue et intervenant. Il y a vingt ou trente ans, on associait la campagne à l’archaïsme, tandis qu’aujourd’hui elle bénéficie d’une image assez positive. Cependant, dans un cas comme dans l’autre, il est question d’a priori. »

Les néoruraux, ces anciens citadins venus chercher le calme, tout comme le développement de l’agriculture biologique pourraient donner l’image d’espaces ruraux épargnés par la misère. « Il faut pourtant changer les représentations, continue le sociologue. À la campagne aussi les Restos du cœur mettent en place des permanences qui connaissent de plus en plus d’affluence. » Autre facteur du processus de précarisation, la solitude. Pour Emmanuelle Bonerandi, géographe, les célibataires de 50-60 ans en sont les premières victimes. La famille reste une valeur forte et un repère important, mais cette solidarité peut créer des situations de dépendance. Lorsque les parents décèdent ou qu’un couple se sépare, il s’opère souvent une rupture avec le monde social. La rareté des institutions et des organisations n’arrange rien. « Associés à un désert médical, les problèmes de santé se ­greffent aux problèmes matériels, précise Alexandre Pagès. Et puis il y a toujours une sorte de pudeur, de fierté à demander les aides sociales. » De quoi compliquer un peu plus la tâche des services concernés.

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