Talonner les politiques

Pour nous, il n’y a pas de « petite résistance ». Nous nous situons dans le droit fil de l’appel des résistants en 2004, qui appelait « les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau programme de la Résistance pour notre siècle ». Bien sûr, l’association n’entend pas se présenter comme un nouveau Conseil national de la Résistance (CNR) ! Pour les citoyens que nous sommes, il s’agit d’abord de talonner en permanence les responsables politiques. Par exemple, lorsque la présidence de Nicolas Sarkozy tourne à l’omniprésidence, lorsque le pouvoir se met au service d’intérêts privés au détriment du bien de tous, lorsque des dérives républicaines sont constatées, lorsque les libertés publiques et les droits de l’homme sont menacés.
Il s’agit aussi d’appeler les citoyens et les responsables politiques à bâtir un projet de société, une « utopie réaliste » de notre temps. Et ce, en tenant compte des leçons du passé,
et notamment de l’esprit qui présida à la rédaction des Jours heureux, nom du programme du CNR. Force nous est de constater que ce dernier est d’une actualité criante. Où en sont aujourd’hui la séparation de la presse et des pouvoirs d’argent, les garde-fous contre les folies spéculatives, le droit au travail pour tous, le droit aux soins de qualité pour tous ? Et quant à l’instauration d’une « véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie »…

En relisant l es Jours heureux, ce qui frappe, c’est qu’il ne semble pas difficile de transposer ce programme à notre époque. Il était construit autour de valeurs : égalité, solidarité, liberté et fraternité, les valeurs de la République en somme. C’est au nom de ces principes que nos anciens se sont battus contre l’oppression nazie et le régime de Vichy et, contrairement à ce que veulent nous faire croire nos dirigeants, cette histoire ne doit pas être plongée dans le formol, alors même que ces derniers sont si prompts à se mettre en scène sur les hauts lieux de la Résistance, mais silencieux lorsqu’il s’agit de rappeler le projet de société qui était porté par ces hommes. La résistance n’appartient pas au passé.

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Allègre attaque Politis
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