« Quand on prend l’avion, on triche »

On peut voyager très loin autrement que par les airs. Par souci écologique mais aussi pour se pénétrer des lieux traversés, faire des rencontres, savourer le temps qui passe.

Clémence Glon  • 22 juillet 2010 abonné·es

Cinq escales. C’est ce que réalise un voyageur désirant se rendre en train de Paris à Moscou. Metz, Berlin, Brest (Biélorussie), Minsk et Smolensk. Soit un voyage de plus de 46 heures. Deux changements seulement pour un Paris-Istanbul, à Stuttgart et Belgrade, pour une durée quasi équivalente. Une folie pour certains, la véritable aventure pour ­d’autres.

Pour leur voyage de noces, Jérémie Mercier et sa femme sont partis de Londres pour atteindre le village de Tozeur, aux portes du Sahara tunisien. Il leur a fallu trois semaines pour faire l’aller-retour en train, bateau et taxi collectif. Jérémie Mercier prépare une thèse en politique de l’environnement, mais ce n’est pas uniquement par souci écologique qu’il préfère se passer de l’avion. « Quand on prend l’avion, on triche , explique-t-il. Lorsqu’on en descend, c’est très brutal. On a l’impression d’entrer dans un film. Alors qu’avec le train, on voit changer le paysage au fur et à mesure. On entre petit à petit dans le vif du sujet. Et on traverse une multitude de lieux où l’on ne se serait pas arrêté sinon. » Comme Rome, Tunis, Venise, l’Etna, dont les visites et l’ascension ont égrené leur voyage. Et puis le train est un lieu d’exotisme. « On a rencontré beaucoup d’Italiens qui nous ont parlé de leur pays. C’était une entrée particulière dans leur culture. »

L’avion a complètement réduit la notion de distance et modifié le projet de « partir en voyage ». Cependant, effectuer des périples sans avion exige du temps et un budget plus important. Le trajet des Mercier a coûté près de 475 euros par personne. Il faut compter 666 euros par personne pour un aller-retour Paris-Moscou en compartiment trois lits. Des tarifs qui peuvent dissuader les plus écolos des globe-trotteurs face à la concurrence des vols low cost. De quoi évacuer le trajet du voyage, et le réduire au simple déplacement.

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Voyager sans avion
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