Le cri du cerf

« Pauline et François »,
un premier film prometteur de Renaud Fély.

Christophe Kantcheff  • 23 septembre 2010 abonné·es

Comment séduire une jolie jeune femme quand on habite à la campagne et que celle-ci vient de s’y installer, juste en face de chez vous ? Vous l’emmenez la nuit écouter les cerfs bramer. C’est de cette manière que procède François (Yannick Renier) avec Pauline (Laura Smet), même si son intention n’est pas forcément tout à fait consciente. Cela donne en tout cas l’une des meilleures séquences de Pauline et François, le premier long-métrage de Renaud Fély, qui a notamment été l’assistant-réalisateur de Pascale Ferran. Séquence nocturne, où le cri rauque de l’animal en rut résonne autant comme une possible métaphore que comme un bruit inquiétant.

Car Pauline et François n’est pas une aimable comédie pastorale : si Pauline a quitté sa région et sa famille, c’est parce que son jeune mari a trouvé la mort un an plus tôt. Elle est naturellement hantée par cette disparition, encore intimement meurtrie. Elle se sent rapidement en complicité avec François parce qu’ils partagent la même culpabilité de celui qui est resté vivant : le jeune homme lui confie avoir tué accidentellement son frère lorsqu’ils étaient enfants.
Inégal en intensité – mais on exige aujourd’hui beaucoup des premiers films –, Pauline et François témoigne surtout d’une sensibilité à fleur de peau, et d’une aptitude à capter la violence des sentiments retenus. On n’est ainsi pas près d’oublier cette scène entre Laura Smet et une bouleversante Anémone – dont la présence au cinéma est trop rare –, tout en pudeur et en humanité, où la première vient dire à la seconde, mère de son défunt mari, qu’elle a un nouvel homme dans sa vie. Renaud Fély est un cinéaste prometteur.

Culture
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