Quelques pincées de bio pour faire joli

L’Inra communique sur le volet « environnement » de son action. Mais les moyens consacrés aux recherches sur l’agriculture biologique sont nettement insuffisants.

Noëlle Guillon  • 2 septembre 2010 abonné·es

Alimentation, agriculture, environnement. Les trois mots clés de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). L’institut, créé en 1946 pour résoudre des problèmes d’approvisionnement alimentaire, ne s’est doté de son volet environnemental que depuis une dizaine d’années. Et reste encore loin de convaincre les partisans de l’écologie. L’Inra veut miser sur la diversification des recherches pour convaincre. « Dans mon département, j’encadre ainsi des projets sur les organismes génétiquement modifiés, mais surtout des approches de sélection naturelle » , explique Olivier Le Gall, chef du département Santé des plantes et environnement à l’Inra. La direction de l’institut a lancé de nouveaux objectifs à l’horizon 2014, sur des thèmes aussi alléchants que les risques environnementaux, l’agriculture et le changement climatique ou la sécurité alimentaire mondiale. Elle a même décidé d’une concertation publique sur un blog ouvert de janvier à avril. Résultat : environ 80 contributions de professionnels, de chercheurs, d’ONG ou de citoyens. Point épineux, ces thèmes ne bénéficieront que de fonds propres de l’institut, à l’inverse de développements plus favorables à l’implication du marché privé.
Et l’investissement ne se fera que sur 30 % des fonds de recherche de l’Inra. Dans sa contribution, l’Institut technique de l’agriculture biologique « salue les unités expérimentales de l’Inra qui se convertissent à l’agriculture biologique » , mais rappelle que celle-ci, pour le moment, « souffre des faibles moyens qui lui sont consacrés » . Isabelle Goldringer, chercheuse à l’Inra et porteuse d’un projet de sélection participative, étudie le rôle des échanges de semences dans le maintien de la biodiversité à la ferme. Elle analyse l’opération comme une vitrine. « Je n’ai pas été soutenue dans mon projet, aucun budget de mon département. Le financement vient de la Région et de l’Europe. » Pour Christophe Bonneuil, historien des sciences au CNRS, l’organisme investit un créneau sans renouveler sa culture proche des agro-industries : « Ce genre d’initiative fait écho au nouveau consortium Agreenium, qui regroupe l’Inra, le Cirad et les écoles agronomiques en excluant les compétences de recherche des universités ou du Muséum d’histoire naturelle. » Une véritable OPA sur l’environnement.

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