Qui sème le mépris… récolte la révolte

Avec l’arrivée des jeunes dans les cortèges, s’exprime la colère contre trois ans d’injustices. Les secteurs des transports et de la pétrochimie enchaînent blocages et grèves reconductibles. Tandis que le Parti socialiste ne réclame plus que la suspension de l’examen du projet de loi.

Thierry Brun  • 21 octobre 2010
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Qui sème le mépris… récolte  la révolte

Les jeunes, les salariés des raffineries et ceux des transports (voir nos reportages) tiennent à présent le haut du pavé dans ce mouvement social contre les retraites, qui mobilise aussi autour d’un enjeu de société. Cette semaine aura été émaillée de journées de grèves reconductibles, de blocages et de manifestations ponctuelles dans de nombreuses villes.

« Ce mouvement inédit et inégalé est supérieur à celui de 1995 et de 2003, y compris auprès de l’opinion » , a souligné Nadine Prigent, secrétaire confédérale de la CGT. Les douze raffineries de métropole sont en grève depuis une semaine et quatre étaient déjà à l’arrêt depuis plusieurs jours. Le nombre de stations-service en panne sèche se compte en milliers sur le territoire. Et, après les cheminots, les routiers, notamment à l’appel de l’importante fédération des transports FGTE-CFDT, sont passés à l’offensive avec des opérations escargots et des blocages de dépôts pétroliers. Plusieurs secteurs de l’économie sont paralysés ou en voie de l’être.

Le chef de l’État, pourtant garant de l’unité du pays et de la cohésion sociale, s’obstine face à un mouvement qui, en quelques semaines, n’a cessé de s’étendre contre une réforme qui fera payer aux salariés, et pour longtemps, l’essentiel de la crise. Nicolas Sarkozy et son gouvernement portent une lourde responsabilité dans la radicalisation de la contestation, jouant délibérément la carte de l’exaspération, de la tension et du pourrissement du conflit. Et le Président fera tout pour que cette réforme soit définitivement adoptée au plus tard début novembre, sans la moindre concession. Mais, après six journées de grèves et de manifestations en un mois, l’intersyndicale nationale est restée unie malgré ses différences, et le mouvement contre les retraites a reçu un soutien constant de l’opinion publique. Sur le terrain, les salariés, les lycéens et les étudiants ont ancré le mouvement dans la durée, et les organisations syndicales en tiendront compte dans leur réunion de jeudi.

Publié dans le dossier
Crise sociale : à force de mépris
Temps de lecture : 2 minutes
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