« LGBT » au travail : le statu quo, ou presque

La fédération l’Autre cercle rendait public aujourd’hui son enquête sur la condition des lesbiennes, gays, bi et trans au travail.

Jennifer Austruy  • 10 février 2011 abonné·es
« LGBT » au travail : le statu quo, ou presque
© Photo : FRED DUFOUR / AFP

Dans une salle du luxueux hôtel Lutecia, à Paris. Attablés devant des viennoiseries, les invités de la fédération l’Autre cercle, journalistes et représentants d’entreprises, notent consciencieusement les conclusions de l’enquête menée en 2010 sur les conditions de travail et le ressenti des homosexuels et transexuels dans leur vie professionnelle.

Premier constat, depuis l’enquête menée en 2006 sur la même question, la situation a peu évoluée. Environ 20 % des « lesbiennes, gays, bi et trans » (LGBT) se plaignent d’un climat hostile au sein de leur entreprise. 26 % se disent victimes de comportements homophobes allant de la moquerie à la mise au placard en passant par du manque de respect. « Cette situation stagne malgré le nombre de lois passées en matière de discrimination au travail , regrette Catherine Tripon, porte-parole de l’Autre cercle. Dans les chartes d’entreprise il y en a très peu qui parlent d’orientation sexuelle » . Selon elle, les salariés manquent d’information quant à leurs droits : « 70 % ne sont pas au courant qu’il y a des lois qui les soutiennent en cas de harcèlement » . Raison pour laquelle les conditions de travail peinent à être modifiées dans l’intérêt des homosexuels, au contraire des minorités dites « visibles ».

Étonnamment, il semble plus délicat de faire son coming out dans le secteur privé. Dans le public, les enseignants subissent de fortes pressions autant de la part de la hiérarchie que des élèves et de leurs parents, les empêchant ainsi de révéler leur identité sexuelle. Un exemple parmi d’autres : une enseignante aperçue à la Gay Pride par ses élèves a été licenciée. Philippe Aurillac, président de l’Autre cercle, confie à cette occasion : « La confusion entre homosexuel et pédophile reste d’actualité » .

Malgré, ce constat « déprimant » , la Halde enregistre une augmentation significative du nombre de cas traités par ses services. De 1,5 % des 800 dossiers visés par la Halde en 2005, la Haute autorité est passé à 2,8 % sur une base de 12 000 dossiers reçus en 2009. En parallèle, les bénévoles d’organisations comme l’Autre cercle proposent une assistance à toute personne homosexuelle victime de discrimination au travail. La fédération a également mis en place des partenariats avec des entreprises et des formations de salariés. Une initiative parmi d’autres pour continuer à faire grimper un chiffre encourageant : aujourd’hui, 53 % des LGBT parlent ouvertement de leur vie personnelle au travail.

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