Prof, agriculteur, militaire, ouvrier, étudiante… laborieux travail

Pauline Graulle  et  Jennifer Austruy  et  Nolwenn Weiler  • 28 avril 2011 abonné·es
«Mon seul espoir d’embauche, ce sont les départs en retraite»

Thomas[^2], 22 ans, ouvrier intérimaire dans la sidérurgie à Metz.

« J’ai un bac pro en mécanique industrielle et je suis intérimaire dans la sidérurgie à Metz depuis août 2010. Quand je suis entré dans le monde du travail, je n’avais pas d’expérience, je venais juste de quitter l’école. J’ai mis dix mois à trouver un premier boulot. Les employeurs ne reconnaissaient pas l’apprentissage comme de l’expérience. Comme il y avait une crise, ils

n’embauchaient personne. Quelques mois plus tard, j’ai entendu que l’entreprise pour laquelle j’avais postulé dès la sortie de l’école recrutait. J’y suis donc allé et ils m’ont orienté vers une boîte d’intérim parce qu’ils n’engageaient pas en CDI. Mon contrat se terminera fin décembre. Ensuite, soit je chercherai un CDI, soit j’essaierai de trouver un autre contrat en attendant de repostuler dans mon entreprise actuelle [six mois plus tard, la période de carence, NDLR] . Je chercherai dans la mécanique industrielle et la production ou le contrôle. Je chercherai aussi dans la livraison mais j’aimerais quand même rester dans l’industrie. Il y a encore de grosses entreprises en Lorraine, et des petites qui travaillent pour les grosses, donc pour l’instant mon profil est très recherché dans la région. Je suis quand même inquiet parce qu’il y a de plus en plus d’entreprises qui ferment dans le coin, et qui délocalisent dans les pays de l’Est. J’ai peur qu’un jour il n’y ait plus de travail par ici. Il faudra alors que je cherche hors de la région. Si mon entreprise me demande de déménager ailleurs qu’en Lorraine, je le ferai. Pour l’instant, il n’y a pas de possibilité d’embauche en production, là où je suis actuellement. Mon seul espoir d’embauche, ce sont les départs en retraite. »

« J’ai l’impression que la France me recrache»

Juliette, 24 ans, étudiante en Master 2 de géopolitique à Paris.

« J’ai fait de longues études, mais il me semble difficile de trouver un emploi à la hauteur de ma formation. J’ai beaucoup d’amis qui galèrent et qui ont dû se replier sur des stages non rémunérés. C’est superdéprimant. On nous demande d’avoir de l’expérience directement après le diplôme, mais vu que les études coûtent cher, on est obligé de faire des petits boulots à côté pour

les payer. Au final, on n’a pas vraiment le temps de se faire une expérience professionnelle !

Tout cela ne me donne pas confiance en l’avenir. Ma vie personnelle, mes études tournées vers l’international, mais aussi le contexte actuel m’amèneront probablement à bosser à l’étranger. Si je veux faire une thèse, il y a très peu de financement en France, je serai donc obligée d’émigrer dans un pays qui reconnaît l’importance des chercheurs. Je suis contente de me dire que je vais travailler et vivre à l’étranger. Mais je suis triste d’avoir l’impression que la France me recrache, me rejette, parce que je ne trouverai rien qui me correspond ici. On ne nous donne pas vraiment notre chance : avant de commencer à travailler, il faut déjà avoir fait ses preuves. Quand j’y pense, j’ai peur pour l’avenir de la France et des Français. »

«C’est presque plus facile de devenir entrepreneur que salarié»

**Yannis, 24 ans, créateur d’une pizzeria à Grenoble. **

« Mon parcours scolaire a été assez chaotique. Après un BEP et un bac pro que je n’ai pas fini, j’ai fait plein de petits boulots (maçon, électricien…), mais je n’arrivais jamais à trouver un emploi stable. Au fond, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. C’est ma mère qui m’a donné l’idée de monter ma boîte. Avant son accident du travail, elle travaillait dans la restauration. Du coup, elle m’a expliqué

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Temps de lecture : 16 minutes