Camille Simeray 31 ans, accordéon et chant

Jazz, classique, variété. Trois jeunes instrumentistes relatent leur parcours. Entre travail acharné, coups de blues et débrouillardise.

Ingrid Merckx  • 16 juin 2011 abonné·es

Illustration - Camille Simeray 31 ans, accordéon  et chant


Elle fait tout toute seule. Sauf sa « compta », qu’elle a, comme beaucoup, confiée à une association. « Sinon, j’y étais aussi la nuit. » Mais les nouveaux contacts, l’entretien du réseau, les envois d’album, les relances pour décrocher des dates de concert, c’est elle : « 50 % de mon temps de travail. » Les deux autres membres de la Meute rieuse, le guitariste Morgan Astruc et le contrebassiste et bassiste Jean-Rémi Piona, ont d’autres groupes, comme elle — « un ensemble de polyphonie occitane ». Sans quoi, ils n’auraient peut-être pas pu monter ce nouveau projet. « Douze ans que je vis de la musique, et je n’ai jamais perdu mon statut d’intermittente !  », se félicite Camille Simeray. Créée en 2005, la Meute rieuse donne entre 30 et 40 concerts par an. « Il en faudrait le double ! Mais c’est de la chanson — créneau où on est très nombreux –, “mécanisée”, c’est-à-dire agrémentée de musique électronique samplée, et intimiste avec des influences musiques du monde. Or, on est de Béziers et, dans le Sud, ce qui est prisé, c’est la musique dite festive… » Le plus dur, c’est le silence des programmateurs. La Scène des musiques actuelles locale a mis sept ans à lui répondre. « Il y a des exceptions, comme Philippe Pagès, du Bijou, à Toulouse. Il organise des auditions publiques. On joue trois, quatre chansons devant ses habitués. Ce n’est pas payé, mais au moins il nous donne une chance de nous faire entendre. »

L’album de la Meute rieuse est autoproduit, mais distribué par Irfan, le label que les Ogres de Barback ont monté pour soutenir des groupes émergents. Camille Simeray s’est formée « sur le tas ». Dans la rue, surtout, où elle a appris à entrer en relation avec le public et à faire preuve d’énergie. Il en faut. « Dans mon village, il y avait cinq théâtres, aujourd’hui, zéro. Les cafés-concerts disparaissent. Alors on propose des concerts chez l’habitant, pour des fêtes, dans des granges. On a organisé notre propre petit festival sur une péniche. Tous les soirs, on jouait dans un endroit différent. Il faut créer l’événement, trouver des idées, des alternatives… »

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