Same Girl : Les voies de Youn Sun Nah

Une édition collector de Same Girl, de
la vocaliste coréenne aux talents multiples.

Lorraine Soliman  • 13 octobre 2011 abonné·es

Les amoureux du jazz vocal ont pu découvrir Youn Sun Nah il y a une quinzaine d’années, lorsqu’elle faisait ses armes dans les sous-sols parisiens avec ses collègues et découvreurs du CIM [[Le CIM est la première école de jazz
et de musiques actuelles française, créée en 1976 et aujourd’hui menacée de fermeture :
voir www.petitionenligne.fr/petition/le-cim-ecole-de-jazz-est-en-danger/1623]]. Débarquée en France en 1995 grâce à une bourse d’étude remportée lors d’un concours de ­chanson française, elle s’est depuis lors aménagé une vie en trait d’union entre les deux pays qui lui sont les plus chers. « Pour moi, ici, c’est un paradis ! » , s’exclame-t-elle, regrettant l’intérêt tardif de la Corée pour le jazz.

Initialement autodidacte, encouragée par une mère actrice de comédie musicale et un père chef de chœur, Youn se lance dans une carrière jazzistique à l’âge de 26 ans, par amour de la chanson française. « En fait, je ne savais pas quoi faire. J’ai demandé à un ami musicien : “J’ai envie d’apprendre le chant, mais quel style ?” Il m’a dit : “Tu es trop vieille pour faire du chant classique, fais du jazz.” Je lui ai demandé ce que c’était et il m’a répondu que c’était l’origine de la pop music. J’ai dit OK. Et j’ai osé. »
Audace assortie d’une profonde humilité. La véritable révélation se fait à l’écoute de la chanteuse britannique Norma Winstone : « Elle a une voix assez fragile, soprane, et je ne pouvais pas imaginer qu’avec cette voix on puisse chanter du jazz ! » Une décennie de travail et cinq disques plus loin, on la retrouve dans une position enviable sur la scène internationale du jazz. Elle rejoint l’écurie ACT en 2008 et s’entoure de la crème des jazzmen européens.

Son premier album, Voyage, est consacré par le public et la presse. On y entend l’éclectisme de son talent et ses qualités de narratrice « les deux pieds bien sur terre » . Same Girl, paru en 2010, et dont sort ce mois-ci une édition collector augmentée, confirme les orientations multiples de Youn Sun Nah, qui résume les choses avec malice : «  Une fille qui chante en coréen, en français, du métal, du jazz, de la comédie musicale, c’est différent, mais c’est la même fille. »

Et c’est la même fille qui se voit récompensée du titre de chevalier des Arts et des Lettres en 2009, pour son action d’ambassadrice du jazz entre France et Corée. Elle a toujours du mal à y croire.

Musique
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