Un « green new deal »

Europe En congrès à Paris, les écologistes européens dénoncent l’aveuglement des dirigeants de l’Union et avancent un projet vert et social.

Patrick Piro  • 17 novembre 2011 abonné·es

C’est finalement une crise de nature écologique que subit l’Union européenne, professe Cécile Duflot, secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Elle s’exprimait lors du 4e congrès du Parti vert européen (PVE), à Paris du 11 au 13 novembre. « Les gouvernements ont financé la croissance par la dette, dans une logique de profit à court terme et de gaspillage… Cet échec du système interpelle les écologistes à l’heure de proposer des solutions. »

Les quelque 700 représentants issus de 30 pays sont parvenus à signer une « déclaration de Paris »  ^2, qui traduit un rapprochement de vue entre partis écolos dont la sensibilité va de la gauche (comme en France) au centre droit, voire au-delà parfois (Europe de l’Est). Tout d’abord, le PVE, fédéraliste, rappelle son attachement à une construction qui a garanti la paix à ses membres.

Ensuite, c’est une critique en règle des mesures adoptées : des plans d’austérité qui conduisent à une aggravation de la récession ; le déni depuis des mois de la faillite financière de la Grèce, qui ne pourra jamais rembourser sa dette ; un défaut de gouvernance politique et fiscale ; l’absence d’intervention pour réduire les inégalités et brider la puissance du monde financier.

À la tribune, Cécile Duflot et Cem Özdemir, président des Verts allemands, rejouent pro domo la fable du « couple franco-allemand » . « Merkel-Sarkozy à la barre, c’est l’expression du renoncement démocratique de l’Union , juge la première. Ils ne font plus que de la communication : le seul dirigeant européen en mesure de s’exprimer librement, c’est le président de la Banque centrale européenne. La vraie question, jamais posée : quel projet pour l’Union ?  »

Sarkozy qui appelle les Européens à « devenir plus Allemands »  : hommage à la rigueur budgétaire d’Outre-Rhin ? « Ce rêve n’est pas le nôtre, répond le second. Car cette crise est aussi celle d’une Allemagne ­insuffisamment solidaire en Europe. À moins que Sarkozy n’ait voulu indiquer à la France le chemin de la sortie du nucléaire que nous avons emprunté… »

Les allusions explicites aux négociations menées par EELV avec les socialistes n’ont pas manqué, et les congressistes ont pleinement joué le jeu du soutien à la candidate écologiste française Eva Joly, qui a eu le privilège de clôturer le congrès par l’exposition de sa vision de l’Europe : mutualisation des dettes par l’émission d’obligations européennes, démantèlement du secret bancaire, révision du plan d’austérité infligé à la Grèce, grand emprunt européen pour financer la transition écologique des politiques, révision des traités pour instaurer un « pacte de solidarité écologique et sociale » en place du pacte de stabilité, référendum pour donner à l’Union une gouvernance démocratiquement contrôlée.
Un programme plus musclé que celui du PVE, avec son « green new deal » assez technique pour l’Europe : « croissance verte et sociale » pour les énergies renouvelables, transports doux, cohésion sociale, éducation, recherche et innovation.

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