Wikileaks crie au blocus

Le site accuse les grands groupes financiers mondiaux de vouloir l’asphyxier.

Pauline Graulle  • 4 novembre 2011 abonné·es

Wikileaks, victime d’une conspiration internationale ? C’est ce que laisse entendre Julian Assange. Le fondateur du site financé à 100 % par des dons du public a annoncé la semaine dernière que ses publications devraient être arrêtées provisoirement : « Depuis décembre 2010, un blocage financier arbitraire et non respectueux des lois nous a été imposé par Bank of America, Visa, MasterCard, PayPal et Western Union [qui permettent de faire des dons en ligne, NLDR]. Cela a détruit 95 % de nos revenus. »

Celui qui se vante d’avoir des « milliers de révélations » en ­magasin n’y va pas par quatre chemins : « S’il n’y est pas mis un terme d’ici à la fin de l’année, l’organisation ne pourra plus continuer son ­travail. » Bref, adieu le contre-pouvoir planétaire !

Couper les vivres du site en s’attaquant à ses « tuyaux » de financement… Pas difficile d’imaginer les commanditaires du « blocus ». Pour Olivier Tesquet, journaliste à Télérama et auteur de l’ouvrage Comprendre Wikileaks [^2], « soit les organismes bancaires sont dans l’autocensure, soit on leur a gentiment intimé de le faire » . Le « on » étant, selon toute vraisemblance, l’administration américaine, qui, « si elle montre qu’elle laisse s’installer une voix dissidente, montre son impuissance » .

Comme toujours, Julian Assange, as du marketing, sait retourner les pires situations en sa faveur. Avec une stratégie efficace : la victimisation. Entre le sénateur américain Joe Lieberman menaçant Amazon qui hébergeait le site Wikileaks au moment du « cablegate », et même Éric Besson qui voulait, en décembre dernier, faire interdire son hébergement sur OVH, Wikileaks communique sur ses déboires à l’envi. « Je ne dis pas que la pression sur Wikileaks n’est pas réelle , souligne Olivier Tesquet. Reste que, depuis quelques mois, le site a perdu le rayonnement qu’il avait pu connaître » .

Voilà qui est ennuyeux alors que Wikileaks va lancer la plus grande campagne de levée de fonds de son histoire : 3 millions d’euros. « On peut penser que, dans cette affaire, il y a une petite part de bluff » , pointe Olivier Tesquet. Sûr que cela plaira aux millions de citoyens potentiellement donateurs touchés par la crise… Rien de tel qu’un petit « buzz » médiatique pour relancer la machine.

[^2]: Max Milo, 9,90 euros.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »
Témoignage 18 décembre 2025 abonné·es

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »

À l’occasion de la Journée internationale des migrants ce 18 décembre, des collectifs appellent à une grève antiraciste, la « Journée sans nous ». Politis a rencontré Ousmane, sans-papiers guinéen. Il raconte la mécanique d’un système « qui profite des sans-papiers » et les pousse à bout.
Par Pauline Migevant
« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin
Sélection 17 décembre 2025

« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin

Une sélection de la rédaction de Politis, pour compléter la lecture du numéro spécial « Vouloir n’est pas pouvoir. Le mérite extiste-t-il ? », à retrouver sur la boutique en ligne ou sur le site du journal.
Par Politis
Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »
Entretien 17 décembre 2025 abonné·es

Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »

Dans un entretien croisé, l’autrice et sociologue et le président de l’association Une voie pour tous remettent en question la notion de mérite dans un système scolaire traversé par de profondes inégalités.
Par Kamélia Ouaïssa et Hugo Boursier
Féris Barkat : former et transformer
Portrait 17 décembre 2025 abonné·es

Féris Barkat : former et transformer

Entre plateaux de télévision, activisme et son nouveau poste d’enseignant, Féris Barkat transforme la visibilité en responsabilité. À seulement 23 ans, le jeune Strasbourgeois, fraîchement arrivé à Paris, veut créer du changement, collectivement.
Par Kamélia Ouaïssa