L’ingénu audacieux

Premier album d’un adepte du rock brut.

Jacques Vincent  • 8 décembre 2011 abonné·es

Hanni El Khatib est le nouveau franc-tireur du rock américain dans une version au plus près de l’os. Remontant jusqu’aux sources du rockabilly – il cite le « Honey Hush » du Johnny Burnette Trio – pour en ramener non pas une imitation mais une façon d’être aujourd’hui.

Même s’il ne va pas jusqu’au risque de se consumer lui-même, Hanni El Khatib ranime la flamme avec un panache incontestable. Avec assez peu de munitions au bout du compte : quelques riffs graisseux, une batterie qui cogne les peaux et gifle la cymbale, parfois de rares chœurs, et une voix abrasive et vibrante. Une certaine ingénuité aussi et assez de confiance en soi pour oser les reprises – ce qui est devenu extrêmement rare dans le rock d’aujourd’hui – en évitant la facilité dans leur choix comme dans leur traitement.

Il faut beaucoup de cran pour s’exonérer du respect face à un morceau historique comme « Heartbreak Hotel » de Presley et en donner cette version en phase terminale, chantée d’une voix moribonde, toute électricité tue, accompagnée de manière étrangement nonchalante et presque funèbre d’une guitare acoustique et d’un banjo. Un certain talent aussi pour enchaîner avec une pure chanson folk comme « Wait, wait, wait », qui semble placée là pour suggérer que, si tout ce qu’on vient de dire est vrai, Hanni El khatib est peut-être encore plus – ou mieux – que cela.

Musique
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