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Denis Sieffert  • 5 janvier 2012 abonné·es

Comment Obama a perdu l’Amérique, Donald Morrison,

traduit  de l’anglais par
Odile Demange, Denoël, 203 p., 15 euros.

Collaborateur de Time Magazine et du Financial Times, Donald Morrison est installé en France depuis huit ans. Il est l’homme de la situation pour tenter de nous faire comprendre son pays, qui nous paraît parfois si indéchiffrable. Il faut lire, à l’orée de cette année électorale, son livre Comment Obama a perdu l’Amérique (à paraître le 12 janvier). Malgré ce titre un peu péremptoire – et peut-être prématuré –, l’auteur laisse poindre beaucoup de sympathie pour l’actuel Président, auquel il reproche ses fautes tactiques et un défaut de communication. Mais il brosse surtout un portrait accablant de l’autre Amérique, celle des « beaufs » et du Tea Party. Son livre fourmille de sondages qui font apparaître deux pays difficilement conciliables. Comme si la guerre de Sécession était toujours pour demain. Ainsi, nous dit-il, un cinquième des États-Uniens connaissent quelqu’un qui a été enlevé par un extraterrestre… Pour ceux-là, et quelques autres, la définition d’Obama comme intellectuel, c’est-à-dire compliqué et faible, sonne évidemment comme une condamnation définitive. Le pire, c’est qu’Obama leur a parfois donné raison.

Les États-Désunis d’Obama,

Thomas Cantaloube, François Bourin éditeur, 170 p., 19 euros.

Paru en février dernier, le livre de Thomas Cantaloube reste d’une parfaite actualité. Le journaliste de Mediapart analyse la méthode Obama, grand conciliateur et « réconciliateur ». Mais le « community organizer », militant de quartier qui a longtemps cru que le dialogue et le sens du compromis pouvaient résoudre tous les problèmes, se heurte à la violence idéologique de ses adversaires lorsqu’il veut étendre cette politique du consensus au niveau supérieur. Cantaloube illustre cet échec avec l’exemple du débat autour des « tax cuts ». Obama s’était engagé en novembre 2010 à réduire les impôts, sauf pour les plus riches. Il a finalement réduit les impôts… pour tout le monde, ratant une occasion d’améliorer la justice fiscale. Il a cédé face à l’intransigeance des Républicains et mécontenté la gauche démocrate. Tout Obama est là, nous dit Cantaloube, qui cite de nombreux exemples de cet « idéalisme » qui fait perdre au Président ses meilleurs soutiens.

Publié dans le dossier
Obama, one more time ?
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