L’urgence d’un engagement

La Fondation Abbé-Pierre soumet un « contrat social » assorti de recommandations précises aux candidats à la présidentielle, sur le modèle du pacte écologique de Nicolas Hulot.

Elodie Corvée  • 2 février 2012 abonné·es

Mercredi 1er février, la Fondation Abbé-Pierre (FAP) a publié son 17e rapport annuel sur l’état du mal-logement en France. Comme chaque année, ce document très fourni recense les situations de logement précaire, et leurs conséquences humaines et sociales. Il donne aussi des recommandations aux autorités publiques, très souvent pointées du doigt pour leurs manquements face à la pénurie de logements.

En cette année électorale, la FAP entend faire du logement un thème central de la campagne. L’un de ses parrains, Éric Cantona, a ouvert la marche le 10 janvier en sollicitant les signatures des maires de France pour porter sa candidature à la présidentielle. Acte symbolique qui a fait mouche. Aux vrais candidats, la FAP soumet un « contrat social ». À la manière du pacte écologique de Nicolas Hulot, les aspirants à l’Élysée ont été invités le 1er février à signer une série de recommandations « pour une nouvelle politique du logement » . Des recommandations qui « sont le reflet de l’inadaptation des politiques de logement depuis vingt ans » , a commenté Christophe Robert, délégué général adjoint de la FAP.

Le logement arrive en tête des préoccupations des Français, et la crise touche désormais les classes moyennes : la FAP espère que ces arguments vont contraindre les candidats. Les recommandations reposent sur « quatre piliers indissociables »  : pas question pour les candidats de choisir, ils signent l’intégralité du contrat ou rien.

Premier pilier : un plan massif de construction. Avec 3,6 millions de Français non ou mal-logés, la priorité reste la création de nouveaux logements : 500 000 par an, chiffre la FAP, dont 150 000 logements sociaux, soit 250 000 de plus qu’aujourd’hui. Deuxième pilier : juguler l’envolée des prix, en totale déconnexion avec l’évolution des revenus, en régulant le marché de l’habitat. Il s’agit notamment d’encadrer les loyers de relocation et de favoriser l’émergence d’un parc privé intermédiaire, entre logement social et accession à la propriété. Troisième pilier : prévenir les expulsions avec des dispositifs de prévention et de protection. Quatrième pilier : construire une ville équitable et durable favorisant la mixité sociale par le logement. Ce qui implique de créer une offre de logements accessibles à tous et partout pour lutter contre la ghettoïsation des quartiers populaires.

Ce contrat se veut « engageant ». « S’ils signent, nous ne les lâcherons pas » , assure Christophe Robert, qui certifie que chaque mesure non appliquée sera rappelée au souvenir des politiques l’année suivante. Et s’ils ne signent pas ?

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