Le mouvement contre le pacte budgétaire européen s’étend

Le 19 mai, plus de vingt mille personnes ont manifesté à Francfort contre les programmes d’austérité, à l’appel des mouvements sociaux.

Thierry Brun  • 24 mai 2012 abonné·es

Le choix de la ville de Francfort, capitale financière allemande, siège de la Banque centrale européenne (BCE), avait une portée symbolique forte pour les mouvements sociaux, notamment les Indignés du collectif « Occupy Frankfurt » et Attac Allemagne, association très influente. La mobilisation du 19 mai contre les programmes d’austérité européens a rassemblé près de 20 000 manifestants selon la police, plus de 25 000 selon les organisateurs.

Malgré un dispositif sécuritaire impressionnant, avec près de 5 000 policiers présents, et malgré l’interdiction et la répression des rassemblements pacifiques prévus les 17 et 18 mai, la manifestation est considérée comme une « franche réussite ». « On assiste à une évolution de l’opinion publique allemande, assure Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac-France. La Banque centrale européenne et le Pacte budgétaire européen sont devenus une cible ainsi que la politique de ­compétitivité, qui s’est accompagnée d’une dynamique de régression sociale en Allemagne. La manifestation a rassemblé au-delà des Indignés et des militants, et suscité une solidarité avec les Grecs. »

Steffen Stierle, économiste et membre d’Attac-Allemagne, affirme que « le Pacte budgétaire est inacceptable et illégitime. Les politiques d’austérité sont rejetées massivement par les peuples européens, et pourtant ce traité impose, sans débat démocratique, de nouveaux contrôles et de nouvelles sanctions pour imposer la rigueur budgétaire ».

Les grands syndicats allemands étaient peu présents lors de cette journée de mobilisation. Cependant, « il y a des débats sur l’emploi et le rôle de la BCE dans les grands syndicats allemands. Et la DGB, principale confédération syndicale, a accueilli les indignés d’Occupy Frankfurt dans ses locaux », a constaté la coprésidente d’Attac-France, qui estime que de nouveaux ­rassemblements sont à prévoir en Europe.

Pour l’association altermondialiste, « au lendemain de la défaite de Nicolas Sarkozy en France, et après le score élevé obtenu par la gauche anti-austérité en Grèce, cette mobilisation est le signe de la contestation grandissante en Allemagne et en Europe des politiques d’austérité promues par Angela Merkel ». Aurélie Trouvé estime qu’il faut « continuer à jeter des ponts entre les mobilisations et les mouvements, pour promouvoir les vraies alternatives à la crise et permettre la construction d’une autre Europe, sociale, écologique et démocratique ».

Attac-France ainsi que d’autres organisations associatives et politiques ont prévu d’adresser une lettre à François Hollande demandant le retrait du Pacte budgétaire et un référendum « pour mettre en débat le Pacte budgétaire, éventuellement complété » par un volet sur la croissance. Cette initiative prise après la manifestation du 19 mai sera suivie avec attention dans une Union européenne en crise.

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