Nulle « invasion » en France

Les chiffres de l’immigration sont stables, mais le nombre de sans-papiers est difficile à quantifier. Le regroupement familial décline.

Clémence Glon  • 24 mai 2012 abonné·es

En 2010, 188 387 titres de séjour ont été accordés à des ressortissants de pays hors Union européenne (dont 59 779 à des étudiants) et 7 358 à des Roumains et des Bulgares (entrés dans l’UE en 2007, les ressortissants de ces deux États sont soumis à un régime transitoire). Si depuis 2007, où 171 907 étrangers sont entrés légalement en France, ce nombre a donc augmenté, il est à noter qu’en 2008 il était déjà de 183 893 et en 2009 de 187 381, soit quasiment au même niveau qu’en 2010. Difficile, bien entendu, de connaître le nombre de sans-papiers : tout au plus sait-on que l’on recensait 228 036 bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins sous certaines conditions) fin 2010.

Les raisons de quitter son pays d’origine sont diverses. Rejoindre un membre de sa famille motivait 44 % des migrants en 2010 (soit 82 235 titres de séjour délivrés). Beaucoup de femmes prennent la route de l’Hexagone pour y retrouver leur époux, français ou non, qui travaille sur le territoire. Cette part de l’immigration est donc en lien direct avec le nombre de mariages mixtes. Depuis 2006, le regroupement familial, concernant uniquement les étrangers, est de moins en moins important mais représente encore 15 000 personnes par an, enfants compris. La loi Hortefeux du 20 novembre 2007, qui en restreint les conditions, explique ce déclin. Les Maghrébins sont les premiers à venir pour raisons familiales. En 2010, ils étaient suivis par les Turcs et les Sénégalais.

Les étudiants représentent un tiers des flux entrants sur le territoire. Les Chinois sont les premiers à venir en France, constituant chaque année entre un cinquième et un sixième des étudiants et des stagiaires étrangers. Ils sont suivis des jeunes Marocains et Algériens. L’immigration estudiantine est une immigration temporaire, le permis de séjour prenant généralement fin à l’obtention du diplôme. Ces jeunes, en majorité, rentrent alors dans leur pays d’origine.

En troisième position, les admissions au séjour pour des raisons économiques concernent 11 % des immigrés de 2010, saisonniers compris, contre un peu plus de 6 % en 2006. La politique migratoire de ces dernières années a vivement encouragé des diplômés, souvent scientifiques, à venir s’installer en France. En 2010, les nationalités les plus représentées parmi ce type de travailleurs sont les Roumains, les États-Uniens, les Marocains et les Maliens.
Les réfugiés et autres bénéficiaires d’une protection accordée par la France ne constituaient que 9,3 % des admissions au séjour de 2010. 17 521 personnes ont ainsi accédé à un titre pour raison humanitaire (dont 6 185 étrangers malades), contre 18 538 en 2009 (dont 5 938 malades). Les ressortissants du Sri Lanka, de la République démocratique du Congo et de la Fédération de Russie en sont les premiers bénéficiaires.

Selon la Cimade, le nombre de demandeurs d’asile (52 762 en 2010) a augmenté de 60 % depuis 2007 – même si les permis de séjour accordés à ce titre ne sont, de façon stable, qu’environ 11 000 par an ces cinq dernières années.

Le nombre de personnes qui entrent irrégulièrement en France est, par définition, difficile à quantifier. Mais on sait que 5 802 personnes ont été mises en cause pour aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d’étrangers en 2010 (4 663 en 2009). Sur la même période, le nombre de personnes interpellées pour infraction à l’entrée et au séjour a baissé, passant de 96 109 à 85 137. Le démantèlement de la « jungle de Calais » en septembre 2009 explique en partie cette diminution. Avant d’être reconduits à la frontière, 27 400 immigrés clandestins ont été placés dans les centres de rétention administrative (CRA) de métropole et 32 880 dans ceux d’outre-mer en 2010.

Publié dans le dossier
L'immigration loin des idées reçues
Temps de lecture : 3 minutes