Causette, une exception dans le paysage du féminin

Pauline Graulle  • 20 septembre 2012 abonné·es

Le mensuel Causette, un peu plus de trois ans d’existence, affiche une santé insolente : un tirage à 110 000 exemplaires, 12 000 abonnés, 55 000 ventes en kiosque, + 66 % de ventes en un an. Comment expliquer ce petit miracle économique ? Sans doute parce que, au pays des magazines féminins, cet « anti-féminin » féministe est un ovni. Loin des titres low cost, Causette propose 100 pages à 4,90 euros, avec moins de 10 % de pub (contre près de la moitié pour les féminins traditionnels), pas de « people » en une et, promis-juré, zéro retouche de bourrelet. Mais aussi, et surtout, des sujets de fond : des inégalités salariales aux mystères de la vulve en passant par une enquête sur la prostitution ou les agressions sexuelles chez les pompiers. Et ces petits plus qui font la différence : parodies d’horoscopes ou de tests, faux romans-photos et suppléments « Monsieur » participent au ton décalé du titre. « On évite les sujets faussement psycho-socio. Nous sommes légers mais pas frivoles », résume Johanna Luyssen, la rédactrice en chef adjointe, sosie de Jean Seberg. Chez  Causette, seul magazine féminin à n’être pas enchaîné à un groupe de presse, on moque ouvertement la vacuité vaniteuse des Elle, Be et autres Glamour. Ici, nul besoin de Mondadori ou de Lagardère pour faire tourner la boutique. Pas la peine non plus de se lancer dans le casse-tête du bimédia. Un site Internet « vitrine » et une page Facebook (37 000 « fans » tout de même !) suffisent au bonheur de la communauté de lectrices (et de lecteurs), 30 ans de moyenne d’âge. Lesquelles font vivre Causette par leur attachement et prouvent chaque mois que l’intelligence et l’humour peuvent aussi rapporter gros.

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La presse écrite a-t-elle un avenir ?
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