L’opposition s’unifie

Les principales forces de l’insurrection ont signé un accord à Doha. La nouvelle coalition a été bruyamment saluée par les Occidentaux.

Denis Sieffert  • 15 novembre 2012 abonné·es

Il est sans doute trop tôt pour dire si l’accord survenu dimanche à Doha, la capitale du Qatar, entre les différentes composantes de l’opposition syrienne sera ou non durable. L’accord porte les signatures du cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib, qui venait tout juste d’être élu président de la Coalition nationale syrienne des forces de l’opposition et de la révolution, et de Georges Sabra, un chrétien, chef du Conseil national syrien (CNS), qui en devient la principale composante. Le CNS, qui craignait d’être marginalisé, n’a finalement pas pu résister aux intenses pressions des pays de la Ligue arabe et des Occidentaux, Américains en tête. Ces derniers lui reprochaient un manque de représentativité. La nouvelle coalition, présidée par un religieux modéré, unifie le CNS, dont beaucoup de responsables sont à l’extérieur de la Syrie, et des représentants de comités locaux issus des zones libérées par les insurgés. La signature de l’accord a été bruyamment saluée, tant par la France que par la diplomatie américaine.

L’existence de la nouvelle coalition est doublement importante, parce qu’elle est plus représentative de toutes les composantes de l’insurrection et, plus encore, parce qu’elle est « légitimée » par la communauté internationale. Pour parler clair, la situation nouvelle pourrait rapidement déboucher sur une aide économique et militaire accrue de l’Europe et des États-Unis, même si l’hypothèse d’une intervention étrangère directe n’est pas encore à l’ordre du jour. On s’en est peut-être tout de même rapproché, dimanche à Doha. En témoigne la réaction immédiate du porte-parole adjoint du Département d’État américain, Mark Toner : « Nous avons hâte, a-t-il déclaré, de soutenir la Coalition nationale, qui ouvre la voie à la fin du régime sanglant d’Assad. » Laurent Fabius n’a pas été moins clair en formant le vœu que la Coalition « puisse être rapidement confortée en bénéficiant de l’appui le plus large possible des Syriens comme de la communauté internationale ». Pendant ce temps, l’aviation syrienne a mené une série de raids contre la ville frontalière de Boukamal, proche de l’Irak. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, des hélicoptères ont aussi bombardé la localité de Mayadine, tandis que des quartiers de Deir Ezzor étaient atteints par des obus. Des combats faisaient également rage près de Rass al-Aïn, à la frontière turque, dans la banlieue de Damas et à Alep.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »
Donald Trump 20 octobre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »

Chercheur spécialiste des expulsions forcées, WIlliam Walters décrypte la façon dont l’administration Trump organise sa politique migratoire. Il explique également comment la communication autour de ces pratiques violentes est présentée comme un « spectacle » pour le public américain.
Par Pauline Migevant
Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées
Expulsion 20 octobre 2025 abonné·es

Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées

L’application ICEBlock, qui permettait d’anticiper les raids des forces spéciales anti-immigration, a été fermée par Apple, en accord avec Donald Trump. Politis donne la parole à son développeur, en colère contre la trahison du géant américain.
Par Sarah Laurent
Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration
Décryptage 20 octobre 2025

Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration

Avec plus de 120 milliards de dollars prévus d’ici à 2029, l’agence de l’immigration américaine connaît une expansion sans précédent. Centres de détention, recrutements massifs et expulsions à la chaîne deviennent les piliers du programme Trump.
Par Maxime Sirvins
Gen Z : l’internationale contestataire
Monde 17 octobre 2025 abonné·es

Gen Z : l’internationale contestataire

Comme en 1968, une jeunesse mondiale se lève à nouveau, connectée, inventive et révoltée. De Rabat à Katmandou, de Lima à Manille, la « Gen Z » exprime sa colère contre la corruption, les inégalités et la destruction de l’environnement.
Par Olivier Doubre