Mediator : Le parquet charge Servier

Le rapport d’expertise du tribunal de grande instance de Paris dénonce la stratégie commerciale du laboratoire pharmaceutique.

Lena Bjurström  • 18 avril 2013 abonné·es

Le Mediator aurait dû être retiré du marché entre 1998 et 1999, et pourrait provoquer jusqu’à 1 800 décès sur le long terme. C’est la conclusion du rapport présenté le 12 avril par le parquet de Paris. Cette expertise, demandée en juillet 2011 par les magistrats du pôle Santé, met en cause la communication du groupe Servier autour du Mediator. Chimiquement très proche des coupe-faim Isoméride et Pondéral, commercialisés par l’entreprise, le Mediator provoquerait les mêmes pathologies, soit des valvulopathies cardiaques (déformation des valves) et de l’hypertension artérielle pulmonaire. Ces produits avaient été retirés du marché en 1997, après la révélation de leur toxicité. Selon le rapport, Servier a cherché à occulter, ou à minimiser, la parenté du Mediator et des deux anorexigènes interdits, présentant son produit comme un adjuvant au traitement du diabète.

En 1998, la multiplication des pathologies aurait déjà dû alerter. Un rapport du Centre régional de pharmacovigilance de Besançon avait démontré le lien entre le produit et les deux coupe-faim. En 2003, après la publication du cas d’une patiente de Barcelone traitée au Mediator dans une revue de cardiologie, Servier retirait le Mediator du marché espagnol, mais pas en France. Autant de constats mettant en cause la responsabilité du groupe pharmaceutique. L’entreprise et son fondateur ont été mis en examen en décembre dernier, à Paris, pour « blessures et homicides involontaires », ainsi que pour « tromperie aggravée » et « escroquerie ».

Société Santé
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