Notre-Dame-des-Landes : copie à revoir

Les trois commissions ont rendu leur rapport ce mardi. Sans remettre en question le principe du projet, elles renvoient ses porteurs au travail. Un nouveau délai pour les opposants.

Erwan Manac'h  • 9 avril 2013
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Notre-Dame-des-Landes : copie à revoir
© Photo : JACQUES LOIC / PHOTONONSTOP

Jusqu’au bout de l’impasse politique? Après le rendu des rapports de la commission de dialogue, de l’expertise scientifique sur la loi sur l’eau et d’une mission sur l’agriculture, le gouvernement a choisi de maintenir son cap.

Sans surprise, les trois groupes de travail installés fin novembre par Matignon n’ont pas remis en cause le projet d’aéroport contesté à Notre-Dame-des-Landes. Ils portent toutefois une série de recommandations sur des points non négligeables, que le gouvernement a annoncé vouloir suivre une à une.

En premier lieu, le projet devra être redessiné pour que son emprise et l’impact sur les surfaces agricoles soient moindres. Il faudra également revoir les mesures prévues pour compenser la destruction de la zone humide, qui n’ont pas été jugées satisfaisantes par les experts. « La compensation écologique pour le projet de Notre-Dame-des-Landes (…) amène à effectuer douze réserves », indique ainsi le collège d’experts, alors que la mission agriculture préconise un élargissement « de 50 à 100 % de la zone de compensation   » .  

La commission de dialogue formule aussi 14 recommandations au service d’une plus grande transparence dans le débat.
 Le devenir de l’actuel aéroport Nantes Atlantique doit être clarifié et des plans sur l’exposition au bruit et l’impact du développement des transports autour du futur aéroport devront être élaborés. « Il nous semble nécessaire de rechercher un meilleur équilibre entre le projet et les enjeux agricoles et environnementaux » , résume la commission de dialogue.

Un temps précieux pour les opposants

Sur tous ces points, les porteurs du projet réunis dans un Comité de suivi des engagements de l’État doivent donc retourner au travail. Cela retardera de plusieurs semaines les premiers travaux de défrichement, prévus initialement pour le printemps. Un temps précieux pour les opposants, qui continuent d’organiser sur place l’occupation de la « zone à défendre ».

Des décisions de justice sont également en attente d’être appliquées concernant plusieurs expulsions. En particulier celle de la ferme de Bellevue, expropriée mais réoccupée depuis fin janvier par des paysans, et celle des cabanes construites sur les ruines de la Châtaigneraie depuis le mois de novembre 2012.

Le rendu des travaux des trois commissions sonne théoriquement la fin de la « trêve » dont bénéficiaient ces campements illégaux. Leur expulsion reste pourtant plus qu’improbable, dans l’état du rapport de forces et avec le nouveau retard que le projet vient de subir.

Pour sortir de cette impasse, Matignon ne compte pour le moment que sur « le dialogue et l’échange constructif » (lire le communiqué) tout en « réaffirm [ant] son attachement à poursuivre la conduite de ce projet » .

Écologie
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