Une loi pour quoi faire ?

Le projet est ambitieux, mais les associations ont des doutes sur son efficacité et son financement.

Ingrid Merckx  • 27 juin 2013 abonné·es

La Loi Alur pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, sur laquelle planchent Cécile Duflot et son équipe depuis leur arrivée au ministère, est une somme. Tellement épaisse que le cabinet la présente par morceaux depuis plusieurs semaines et que les associations impliquées dans la lutte contre le mal-logement, comme la Fondation Abbé-Pierre, pointaient dès cet hiver une difficulté à suivre toutes les discussions dans le détail (voir le hors-série de Politis n° 58).

Encadrement des loyers, lutte contre l’habitat indigne et les copropriétés dégradées, garantie universelle des loyers… Ce projet de loi comporte des chapitres lourds et d’autres qui peuvent paraître plus secondaires, comme l’encadrement de l’habitat léger. Le sujet n’est pourtant pas si marginal, estime Christophe Robert, de la Fondation Abbé-Pierre. «  D’une part parce que ce chapitre possède un aspect “reconnaissance d’autres modes d’habitat” qui était très attendu. Et d’autre part parce que l’habitat léger joue un rôle d’amortisseur en temps de crise du logement. » Pour le reste, difficile d’anticiper sur l’impact de la loi Alur. « Ce texte comporte un certain nombre de points positifs, mais on peut exprimer des doutes sur sa mise en œuvre. Quelle efficacité, par exemple, concernant la régulation des loyers ? Par ailleurs, la loi ne définit que le cadre préfigurant une garantie universelle des loyers [GUL, voir Politis n° 1256]. Ce projet ambitieux reste donc à construire. Surtout, cette loi n’est pas accompagnée d’engagements financiers. Il faut qu’elle soit renforcée par la loi de finances, sans quoi elle restera faible. » En janvier 2013, a été promulguée une loi « relative à la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social ».

Le 20 juin, le Parlement a adopté (sans le Front de gauche, l’UMP et l’UDI) un projet de loi visant à autoriser le gouvernement à recourir à des ordonnances pour accélérer les projets de construction. Le projet de loi Alur marque une nouvelle étape dans la réponse du gouvernement à la crise du logement. Reste à savoir s’il pourra dépasser le stade des intentions. Choix politique pour éviter l’engorgement ou problème d’agenda, l’examen de la loi relative à la ville et à la cohésion urbaine, également dans le portefeuille de ce ministère mais versant « égalité du territoire », a été reporté à l’automne.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers
Racisme 17 octobre 2025 abonné·es

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers

Vendredi 10 octobre, un homme en voiture a percuté des manifestants lors d’une mobilisation organisée par un collectif de sans-papiers à Paris. Deux hommes ont été blessés et ont porté plainte. Malgré leurs témoignages, la police a retenu l’infraction de « blessures involontaires ».
Par Pauline Migevant
À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue
Reportage 16 octobre 2025 abonné·es

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue

Malgré un droit constitutionnel adoubé par la convention des droits de l’enfant, la scolarisation est une bataille au quotidien pour les jeunes exilés de la plus grande ville de Seine-Maritime. Depuis plusieurs mois, ils luttent face au refus de l’académie de les scolariser.
Par Louis Witter
« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement
Luttes sociales 15 octobre 2025 abonné·es

« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement

Licenciés pour faute il y a un an, ils ont décidé d’attaquer cette décision auprès des prud’hommes de Marseille, ce mercredi. En cause : le refus d’être mutés à plus de 130 kilomètres de leur lieu travail suite à la perte d’un contrat avec Amazon.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas