Un appel contre les violences sexistes sur Internet

Un appel citoyen vient d’être diffusé, ce jeudi, contre l’incitation au viol en ligne et la diffusion de violences sexistes sur Internet. Lancé par plusieurs blogs, l’appel incrimine en particulier un site de « séduction » prônant une technique de « drague » passablement violente.

Lena Bjurström  • 5 septembre 2013
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Un appel contre les violences sexistes sur Internet
© Photo : [captures d'écran](http://www.seductionbykamal.com/comment-bien-baiser/)

SeductionByKamal.com propose des « conseils en matière de séduction, de développement personnel et en communication » . Géré par la société SBK Coaching, le site génère des profits notamment grâce à la vente de livres numériques. « Nous cherchons, en premier lieu, à aider nos lecteurs à se découvrir, tout en apprenant à séduire, à communiquer […]  »

Communiquer ? Ce n’est pas l’avis d’un collectif féministe et citoyen qui lance un appel ce jeudi, dénonçant les « techniques » suggérées sur le site et demandant l’application de sanctions telles que prévues par la loi. Appel relayé par plusieurs blogs de manière virale.

En cause, un article intitulé « Comment bien baiser ? Les secrets du sexe “hard” ! » , dans lequel l’auteur propose à ses lecteurs masculins de « mettre [leurs] “couilles sur la table” et de lui montrer ce que signifie “se faire pilonner” » . Vulgaire ? Ce n’est qu’un début. Joignant à son appel une plainte au procureur de la République, le collectif féministe et citoyen relève d’autres extraits explicites, prônant de « ne pas tenir compte du consentement de sa partenaire »  : « Montrez-lui qu’elle n’a vraiment pas le choix » , « Prenez le contrôle du rapport sexuel et pensez que votre masculinité passe par des coups de boutoir infligés. »

20 000 visiteurs par jour, une page Facebook suivie par près de 17 000 personnes… Seduction by Kamal n’est pas un « petit blog isolé » , note l’appel, et diffuse à relativement grande échelle.

«L’incitation au viol n’est pas un dérapage sur un site de séduction, estime la blogueuse Diké, Tout le business-modèle du site de Kamal repose sur l’exploitation et l’amplification des préjugés sexistes chez des hommes mal dans leur peau. Ceci dans le but de leur vendre des solutions à leur malaise […]. L’inaction du gouvernement, ainsi que l’indifférence générale, leur permet de continuer à se développer et a augmenter leur pouvoir financier.»

L’article, dénoncé depuis un an par les blogueuses Antisexisme) et L’Elfe, a déjà été signalé au ministère de l’Intérieur, sans suite à ce jour. « Pourquoi la loi n’est-elle pas appliquée ? , s’interroge le collectif. Est-ce un problème managérial (manque de moyens pour traiter tous les signalements) ou un problème culturel (mauvaise formation et sensibilisation des agents du ministère à la misogynie en ligne et à la culture du viol) ? »

Au-delà, les militant(e)s dénoncent « l’ensemble de la misogynie globalement répandue sur l’espace Internet, et trop tolérée » .

« Le sexisme en ligne n’a rien de virtuel , souligne l’appel, le harcèlement […], le racolage des mineures […], l’omniprésence des images de femmes hypersexualisées […], l’humour sexiste qui alimente la tolérance envers le sexisme, […] tout ceci est bien réel. »
En conséquence, outre la condamnation du site Seduction by Kamal, l’appel demande une modification de la loi et la mise en place d’une plateforme dédiée au signalement de sites misogynes.

Interpellée dans l’après-midi sur Twitter par le journaliste de Politis Michel Soudais, la ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a assuré que cette question était prise en compte par le nouveau projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

  • Actualisation : Ajout des tweets à 18h20
Société
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