Ayrault s’enfonce dans la spirale libérale

Le gouvernement veut maintenir le cap de l’austérité et de la soumission aux marchés financiers malgré un avis de tempête sociale.

Thierry Brun  • 14 novembre 2013 abonné·es

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est pris au piège de sa propre politique d’austérité. Quinze milliards d’euros d’économies pour 2014, et « il faudra porter notre ambition encore plus loin », a affirmé le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. Vendredi, la Commission européenne, chargée de la surveillance des budgets nationaux, réitérera la nécessité de durcir cette politique en réclamant de nouvelles réformes structurelles de l’État et de la protection sociale. La mise en garde, très idéologique, des marchés financiers est intervenue le 8 novembre, lorsque l’agence de notation financière Standard & Poor’s a dégradé la note de la France. Elle est passée de AA+ à AA, au motif que le gouvernement n’a pas de « stratégie » pour diminuer la dette publique. Ces injonctions libérales interviennent sur fond de suspension de l’écotaxe et de manifestations à répétition contre la fiscalité et les plans sociaux. Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a appelé à une « marche pour une révolution fiscale », le 1er décembre, contre la hausse programmée de la TVA au 1er janvier (de 19,6 % à 20 % pour le taux principal et de 7 % à 10 % pour le taux intermédiaire). Tandis que Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat, a souligné que cette hausse de la TVA risquait d’être « la goutte de trop », soulignant « l’illisibilité » de la politique fiscale du gouvernement alors que le projet de loi de finances pour 2014 est en discussion à l’Assemblée nationale.

Par le biais de la TVA, le gouvernement a en effet choisi de prélever 7 milliards d’euros dans les poches des ménages. Or, cet impôt injuste, qui frappe fortement les plus pauvres, ne résoudra pas le problème de la dette publique issue de la crise financière de 2008. La situation de la France, qui fait l’objet d’une procédure européenne pour son déficit public excessif, ne devrait pas s’améliorer en 2013, ni même en 2014. En avril dernier, le déficit s’est creusé de 6,9 milliards d’euros en raison, notamment, de la faiblesse des rentrées fiscales. Pourtant, la politique fiscale menée par le gouvernement a créé de nouvelles niches, dont celle du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), doté de 20 milliards d’euros d’allégements pour les entreprises, sans contrepartie sociale et à l’efficacité fortement contestée à gauche. Jean-Marc Ayrault parviendra-t-il à maintenir à tout prix ce cap malgré les menaces de tempête sociale ?

Économie
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