Manif des bonnets rouges à Quimper : Philippe Poutou nous écrit

Le porte-parole du NPA nous demande d’exercer son droit de réponse suite à l’article de Politis.fr publié vendredi soir: « Poutou (NPA) manifestera à Quimper avec le patronat, le FN et les identitaires. »

Politis.fr  • 7 novembre 2013 abonné·es

Illustration - Manif des bonnets rouges à Quimper : Philippe Poutou nous écrit

Vous avez le droit d’écrire ce que vous voulez , c’est la liberté de la presse et on est archi pour. Vous avez aussi le droit visiblement d’écrire n’importe quoi, de traiter un sujet sans scrupule et du coup d’insulter des manifestants, des militants, des organisations politiques et syndicales. Pourquoi pas. Dans ce cas, je demande logiquement à utiliser mon droit de réponse.

En aucun cas le Npa et les autres participants à la manifestation de Quimper n’ont manifesté « avec le patronat, le FN et les identitaires » . Dans cette manifestation, contrairement à ce que vous affirmiez,  il n’y avait pas de dirigeants du FN, il n’y avait aucun drapeau, ni banderole, ni slogan ni rien du tout pouvant identifier le FN. Les identitaires comme les réacs de la « Manif pour tous » n’étaient qu’une poignée.  L’UMP n’était représentée que par une brochette d’élus (mais cela n’arrive-t-il jamais dans les manif de salariés ?) Le Medef en tant que tel n’était pas représenté, même pas à la tribune où des organisations patronales ont pourtant pris la parole.

Alors oui cette manifestation ne ressemblait pas aux manifestations habituelles. C’était une manifestation dominée par un sentiment régionaliste qui laisse la place à une participation très diverse socialement et politiquement. Mais cette manifestation était avant tout très majoritairement populaire, elle était l’expression d’une colère populaire contre la crise, contre les difficultés de vivre, contre la souffrance quotidienne. Ce sont des salariés (Gad, Doux, Tilly, Marine Harvest …), des chômeurs, des retraités, des jeunes, des militants CGT, du Front de Gauche, d’Attac, de l’UDB, de Breizhistance, des Alternatifs, des Zadistes de NDDL, du NPA … qui ont manifesté. Parmi les 30 000 personnes, il y avait bien sûr des paysans, des petits exploitants, des commerçants victimes de la crise ou solidaires.

Non cette manifestation n’était pas à l’initiative du Medef ou de la droite. Même si, c’est évident, il y a des tentatives de récupérer ou de dévoyer la colère des gens d’en bas. Il y a eu une volonté d’intoxication par le traitement médiatique de l’événement.

Pour rappel , à l’origine, c’est le Comité pour l’emploi de Carhaix qui a décidé d’organiser  cette manifestation lors d’un meeting le 18 octobre. Un meeting de solidarité envers les salariés de Marine Harvest. C’est après l’action du 26 octobre que les «anti-écotaxes » ont appelé à poursuivre le mouvement le 2 à Quimper. Là effectivement, le message commençait sérieusement à se brouiller.

Il n’y avait pas de raison de déserter cette manifestation. C’était au contraire aux syndicats, aux associations, à la gauche radicale de tout faire pour que cette manifestation garde clairement un caractère anti-licenciements, anticapitaliste. Avec nos petits moyens, nous avons d’ailleurs constitué un pôle « gauche » dans le cortège avec les autres organisations présentes et nous étions les seuls à avoir des banderoles, des drapeaux en dehors des très nombreux drapeaux bretons. Et nous n’avons pas été vus comme des extra-terrestres, au contraire même.

Nous étions à notre place à Quimper : avec le bas peuple révolté mais aussi pour défendre une perspective progressiste et des solutions de gauche à la crise,  pour faire entendre une voix anticapitaliste. Il s’agit tout simplement de construire concrètement une opposition de gauche au gouvernement pour ne pas laisser la droite, l’extrême droite ou le patronat prendre le contrôle du mouvement, ce qu’ils n’ont pas encore réussi à faire. Oui il y avait une bataille politique à mener. Dans cette manifestation et non pas à 70 kilomètres.

Pour finir : le NPA, avec ses militants de Carhaix, de Quimper, de Brest ou de Lorient en sait autant que vous sur la situation bretonne. Ce n’est pas la peine de se la jouer condescendant ou méprisant. Nous souhaitons évidemment que les désaccords politiques, les discussions autour de la nécessaire rupture avec le PS et son gouvernement libéral puissent se mener sans passer par le dénigrement ou l’insulte.

Philippe Poutou, le 6 novembre 2013

Société Travail
Temps de lecture : 4 minutes

Pour aller plus loin…

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers
Racisme 17 octobre 2025 abonné·es

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers

Vendredi 10 octobre, un homme en voiture a percuté des manifestants lors d’une mobilisation organisée par un collectif de sans-papiers à Paris. Deux hommes ont été blessés et ont porté plainte. Malgré leurs témoignages, la police a retenu l’infraction de « blessures involontaires ».
Par Pauline Migevant
À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue
Reportage 16 octobre 2025 abonné·es

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue

Malgré un droit constitutionnel adoubé par la convention des droits de l’enfant, la scolarisation est une bataille au quotidien pour les jeunes exilés de la plus grande ville de Seine-Maritime. Depuis plusieurs mois, ils luttent face au refus de l’académie de les scolariser.
Par Louis Witter
« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement
Luttes sociales 15 octobre 2025 abonné·es

« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement

Licenciés pour faute il y a un an, ils ont décidé d’attaquer cette décision auprès des prud’hommes de Marseille, ce mercredi. En cause : le refus d’être mutés à plus de 130 kilomètres de leur lieu travail suite à la perte d’un contrat avec Amazon.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas