« Genre » : l’incroyable capitulation du gouvernement

Pauline Graulle  • 6 février 2014 abonné·es

Illustration - « Genre » : l’incroyable capitulation du gouvernement


Ce n’est pas seulement une victoire de la Manif pour tous. C’est une grave défaite de la gauche. Et de la pensée en général. Après avoir plié sur la loi « Famille », le pouvoir a décidé de se coucher devant les réactionnaires. Un passionnant article de Mediapart révèle ainsi que, depuis un an et les mouvements qui ont accompagné la loi pour le mariage gay, le mot « genre » , considéré comme trop polémique par le gouvernement, a été banni du vocabulaire. « Lois, circulaires, rapports… Afin de ne pas trop froisser les lobbies intégristes, le gouvernement a discrètement choisi de se passer d’un des concepts les plus importants du champ intellectuel de ces dernières décennies » , explique Lucie Delaporte.

_ La journaliste, qui évoque carrément une « chasse aux sorcières » , raconte qu’à plusieurs reprises la censure est tombée : annulation par le rectorat d’un cycle de conférences sur le genre dans des collèges de Seine-Saint-Denis, suspension de la parution d’un ouvrage intitulé Déjouer le genre destiné aux enseignants, remplacement du mot « genre » par le terme « garçons-filles » dans un rapport commandé par Najat Vallaud-Belkacem, ministre du… Droit des femmes.

_ Plus que se passer d’un mot ou d’un concept , se passer du « genre » , c’est s’interdire de penser, et donc d’agir : « En remplaçant égalité de genre par égalité filles-garçons, on veut signifier qu’on ne s’attaquera surtout pas à l’ordre des choses. Or l’idée d’assurer l’égalité sans toucher aux normes est totalement absurde » , s’indigne le sociologue Éric Fassin (voir aussi ici), qui a commenté l’affaire pour Mediapart. On pensait l’obscurantisme cantonné aux paroisses ultra catholiques, le voilà désormais bel et bien entré à l’Élysée.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Au Blanc-Mesnil, qui veut déraciner les Tilleuls ?
Reportage 9 juillet 2025 abonné·es

Au Blanc-Mesnil, qui veut déraciner les Tilleuls ?

Ce quartier populaire de Seine-Saint-Denis doit être transformé en profondeur. Mais, face à une municipalité qui prône un « rééquilibrage » de sa sociologie, les 10 000 habitants se sentent dépossédés de ce projet de rénovation urbaine qui fait tout pour les faire partir.
Par Névil Gagnepain
Cathos intégristes et écoles privées : le véritable « entrisme »
Parti pris 7 juillet 2025

Cathos intégristes et écoles privées : le véritable « entrisme »

Alors que le gouvernement poursuit ses obsessions islamophobes, la question politique du rôle de l’Église catholique dans la perpétuation des violences sur mineurs est sans cesse écartée. Une laïcité à géométrie variable, qui condamne des milliers d’enfants chaque année.
Par Thomas Lefèvre
Bétharram : derrière les défaillances de l’État, le silence complice de l’Église
Analyse 7 juillet 2025 abonné·es

Bétharram : derrière les défaillances de l’État, le silence complice de l’Église

Alors que le rapport d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires a été rendu public le 2 juillet, la responsabilité de l’Église a été mise de côté. Pourtant, la majorité des violences sont commises au sein des établissements privés catholiques.
Par Élise Leclercq
« L’audiovisuel public est en grave danger »
Entretien 4 juillet 2025

« L’audiovisuel public est en grave danger »

Tanguy Bocconi, journaliste à ici Roussillon (Radio France) et élu CGT au comité social et économique (CSE), est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien