Ne jamais se fier à des « socialistes »

Le plus sidérant est que la bande à Hidalgo a parqué les négociateurs du PG dans un placard à balais.

Sébastien Fontenelle  • 27 mars 2014 abonné·es

Et donc, si j’ai bien compris (SJ’ABC) : les camarades du Parti de gauche (PG) se sont empressé(e)s, à Paris, au lendemain du premier tour des élections municipales, d’aller négocier leur ralliement à la liste emmenée par Anne Hidalgo. Mais attention : il s’agissait – je tiens cette précision d’un papier du camarade Soudais ^2 – de proposer au Parti « socialiste » [^3] – et à ses complices venu(e)s d’ailleurs dans la droite – une « fusion technique » (appelée aussi « démocratique » ), et non « programmatique » – et ça fait une grosse différence, parce que dans le second cas le FDG aurait dû « s’entendre sur un programme commun » avec le P« S », alors que là, il s’agissait seulement d’ « offrir » à Nhidalgo [^4], sans opiner à son programme, « de gagner l’élection en échange d’une représentation » des électeurs de la gauche sans guillemets « au sein de l’assemblée municipale ».

Donc, si je résume (et SJ’ABC) : le PG a bel et bien voulu « offrir » une victoire électorale aux « socialistes » – en espérant que lesdit(e)s, en rétribution de cette délicate attention, leur concéderaient, après le second tour, quelques sièges au sein du conseil municipal. Déjà : c’était vachement neuneu gentil. Parce que la dernière fois que des gens du PG ont ainsi permis l’élection d’un « socialiste », en lui apportant – t’excuseras du peu – plusieurs millions de voix, dans l’espoir, discrètement naïf peut-être [^5], mais hautement dit par Méluche, que le récipiendaire de cette formidable preuve d’amour tiendrait ensuite compte, dans sa pratique du pouvoir, des attentes de cet électorat : c’était en 2012, au bénéfice de François Hollande. Et juste, après, t’as vu : le gars, étant « socialiste », a (bien évidemment) pris deux cents kilomètres d’élan, pour mieux sauter à pieds joints sur ses engagements de campagne les moins droitiers. De sorte qu’il est un peu surprenant que le PG, deux ans plus tard, ait continué d’envisager que le P« S » puisse encore se comporter avec dignité.

Mais le plus sidérant est que la bande à Hidalgo, qui a (bien sûr) accepté de les recevoir, a (pour de vrai) parqué les négociateurs du PG dans un placard à balais – d’accablantes photos montrent le pauvre M. Grond [^6] plié sous des rouleaux de papier cul –, et que ces émissaires, plutôt que de se barrer (non sans distribuer alentour quelques mérités soufflets) ont enduré jusqu’à son terme cette ahurissante humiliation: j’espère du moins que, cette fois-ci, la leçon sera – définitivement – retenue ?

[^2]: http://www.politis.fr/La-delicate-question-des-fusions-d,26246.html 

[^3]: Pour cette fois, si tu permets : je ne mets pas cinq paires de guillemets à « socialiste » – car à trop user de cette exhaustivité, la place me manquerait.

[^4]: (3) Je dis comme ça pour aller plus vite.

[^5]: Parce que bon, ne nous racontons pas non plus trop d’histoires : fallait quand même être profondément pétri d’une candeur limite crédule pour continuer d’espérer, en 2012, que des « socialistes » puissent être autre chose que des félons de compétition.

[^6]: Qui, naguère, fut pour beaucoup dans l’interdiction du foulard à l’école – de sorte qu’on a de la difficulté à compatir à ses détresses.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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