Ils ont quitté le secrétariat national du PS et s’expliquent…

Pauline Graulle  • 22 avril 2014 abonné·es

Leur prise de distance a fait moins de bruit que le départ de Caroline de Haas ou de l’eurodéputée Françoise Castex, qui ont toutes deux récemment quitté le PS (voir ici et ).
Reste que la démission du secrétariat national du PS d’une petite dizaine de socialistes du courant Un monde d’avance (« l’aile gauche » du PS) en dit long sur le malaise qui grandit au sein de la majorité. « Nous avons pris collectivement la décision de quitter la direction du PS et de sortir du Secrétariat national, alors que nos représentants étaient parmi les plus actifs et les plus utiles » , ont-ils écrit à l’intention des militants de leur courant au lendemain du conseil national qui a entériné l’arrivée de Jean-Christophe Cambadélis à la tête du Parti.
### « Nous ne sommes d’accord sur rien »

Pouria Amirshahi, Stéphane Delpeyrat, Charlotte Brun, Frédéric Hocquard, Delphine Mayrargue, Isabelle Thomas, ainsi que Sandrine Chernoz, Antoine Detourné et Roberto Romero, ont annoncé, la semaine dernière, leur démission du bureau national. Certains se sont contentés de commenter à minima cette décision. Comme Charlotte Brun, ancienne présidente du MJS, nommée en 2008 par Martine Aubry secrétaire nationale en charges des personnes âgées :

D’autres ont été plus diserts. Stéphane Delpeyrat, vice-président du Conseil régional d’Aquitaine, maire de Saint-Aubin (Landes), et (désormais) ex-secrétaire national à la Recherche, a déploré la « méthode » de la direction qui a imposé Cambadélis à la tête du PS sans la moindre consultation : « Il me semble que la situation méritait l’organisation rapide d’un congrès extraordinaire pour que les militants puissent exprimer leurs sentiments face à des orientations contraires au discours du Bourget » , a-t-il expliqué à Sud Ouest .

Illustration - Ils ont quitté le secrétariat national du PS et s’expliquent… - Stéphane Delpeyrat, aux journées de rentrée d'Un monde d'avance, le 18 septembre 2010.

Car ce qui coince, dans le fond, c’est bien l’orientation politique de l’exécutif :
« Face à la politique d’austérité que prône le gouvernement, nous pensons qu’il faut lâcher un peu d’oxygène pour regagner de la croissance et créer des emplois. […] Je ne pense pas que cette politique de centre-droit rassemble la gauche. Aujourd’hui, nous ne sommes d’accord sur rien. »

Autre franche explication – et franc pessimisme – de Delphine Mayrargue, jusqu’alors chargée des questions de l’emploi pour le PS : « Le PS a subi une très lourde défaite aux élections municipales […] , écrit-elle dans une « lettre » sans concession publiée sur le site d’Un monde d’avance au lendemain du conseil national. Nous n’avons pas perdu parce que nous n’avons pas su expliquer la politique menée par le Président de la République ; à l’échec n’ajoutons pas le mépris à l’égard des électeurs et des électrices. Nous avons perdu parce que nous n’avons pas fait ce que nous avions dit que nous ferions. Une demande de gauche s’était exprimée en mai 2012, elle n’a pas eu les réponses attendues. La déception, la colère et la défiance sont fortes à gauche. Tout est aujourd’hui à reconstruire » . Puis d’ajouter :
« Le Parti est aujourd’hui replié sur lui-même sourd et aveugle à la réalité sociale et culturelle qui l’entoure. Ce choix de fermeture, les conditions de la désignation du Premier secrétaire par intérim, le refus du débat et du congrès extraordinaire m’ont conduit à quitter la direction du Parti. »

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