1000 vaches : garde à vue pour cinq militants de la Confédération paysanne

Une cinquantaine de militants de la Confédération paysanne ont démonté la gigantesque salle de traite de la ferme « des mille vaches » en Picardie. Cinq sont en garde à vue, dont Laurent Pinatel, porte-parole, interpellé de façon très musclée.

Patrick Piro  • 28 mai 2014 abonné·es
1000 vaches : garde à vue pour cinq militants de la Confédération paysanne

Ils avaient promis d’empêcher la première traite des « 1000 vaches » de la ferme-usine de l’industriel Michel Ramery, ils sont passés à l’action ce matin. Dès 8 heures, une cinquantaine d’agriculteurs et de militants de la Confédération paysanne ont débarqué à Drucat, dans la Somme, sur le site aux bâtiments en voie d’achèvement pour démonter la salle de traite, dimensionnée pour soutirer trois fois par jour le lait d’un millier de bêtes en batterie, enfermées là à demeure. Le prototype encore inédit en France d’un modèle agro-industriel intensif, destructeur d’emplois, dont le syndicat a fait un symbole de repoussoir. En septembre dernier, plusieurs dizaines de militants paysans avaient démonté des machines afin de ralentir les travaux.
À Drucat, tension forte avec les ouvriers du site. Quatre militants paysans sont serrés, choisis un peu au hasard par les gendarmes.

Lire > Contre la traite des mille vaches

Ce mercredi, il y avait pince-fesse et buffet à La Villette (Paris) pour le lancement de la quinzaine du « Printemps bio ». Vers 13 heures, un petit groupe de la Confédération paysanne, Son porte-parole, Laurent Pinatel, en tête, s’est invité pour « rendre » à Stéphane Le Foll les pièces prélevées sur « sa » salle de traite : les paysans l’interpellent depuis des mois pour qu’il prenne une position claire sur cette usine à lait. Le Foll refuse le « cadeau », expliquant que ce n’est pas le modèle agricole qu’il défend mais que la ferme-usine est en règle. Sollicitée, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, elle aussi présente, a répondu aux paysans qu’elle était là « pour déguster » .

Les militants ont eux aussi dégusté , mais dans l’après-midi, de retour vers Abbeville pour soutenir leurs camarades en garde à vue. En gare d’Amiens, lors d’une correspondance, une dizaine de gendarmes les attendait. « Nous sommes convaincus que nous sommes sur écoute , commente Mickel Hiribarren, l’un des secrétaires nationaux du syndicat. Ils nous ont sauté dessus avec une grande brutalité, c’est très choquant. » Laurent Pinatel est embarqué pour une nouvelle garde à vue, comme ce fut le cas après l’action de septembre dernier. « Il y a une volonté évidente de nous intimider pour nous déstabiliser. La démesure des moyens est hallucinante… »

Illustration - 1000 vaches : garde à vue pour cinq militants de la Confédération paysanne - Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, plaqué au sol par le service de sécurité du ministre de l'agriculture, qu'il tentait d'approcher à La Villette, avant une interpellation plus brutale par la gendarmerie, quelques heures plus tard en gare d'Amiens. 
(Photo: Confédération paysanne){: class= »img-responsive spip-img center-block » width= »600″ height= »385″}

Le syndicat, qui se félicite de la vague de soutien qui s’est déclenché « partout en France » , ne compte pas en rester là, alors que la ferme des « 1 000 vaches » prévoit d’entrer en service début juillet.

AJOUT jeudi 16h45: La garde à vue des cinq militants de la Confédération paysanne a été prolongée, a-t-on appris jeudi en milieu de journée auprès du parquet à Amiens.

AJOUT jeudi 22h30: Les cinq militants paysans passeront une nouvelle nuit en prison avant de comparaître demain matin devant le procureur de la République annonce la Confédération paysanne:

AJOUT vendredi 13h15: À Amiens, rassemblement d’une centaine de personnes à 9h devant le tribunal d’Amiens en soutien aux cinq membres de la Confédération paysanne traduits en audience expresse. Sortie attendue aujourd’hui vers 15 heures.
Ce matin à Rodez, où François Hollande était en déplacement, des militants paysans ont retenu plusieurs heures son conseiller agricole en « garde à vue » symbolique.

AJOUT vendredi 16h15: Les cinq militants sont sortis libres du tribunal, placés sous contrôle judiciaire. Une audience devant le tribunal correctionnel d’Amiens a été fixée au 1er juillet.