Quelle visibilité pour les intermittents ?

En dépit de quelques actions, le mouvement peine à s’adresser au public.

Anaïs Heluin  • 17 juillet 2014 abonné·es
Quelle visibilité pour les intermittents ?
© Photo : AFP PHOTO / BORIS HORVAT

De la gare d’Avignon, au centre de la ville, les manifestants étaient nombreux, le samedi 12 juillet, à arborer leur petit carré rouge sur la poitrine, symbole du refus de l’accord intersyndical conclu à l’Unedic le 22 mars dernier. Entre 1 500 personnes, selon la police, et 3 000 à 5 000, selon les organisateurs. Pour les artistes et techniciens du In et du Off et le Syndeac (syndicat des employeurs du spectacle), c’était la troisième journée de grève du festival. La première ayant eu lieu le 4 juillet, lors de l’ouverture, la seconde le 7, uniquement dans le Off.

Le mouvement ne semble pas faiblir. En plus du cortège, neuf des treize spectacles programmés dans le In ont été annulés ce samedi, parmi lesquels le Prince de Hombourg, au Palais des papes. Pour certaines pièces, dont Vitrioli, mis en scène par Olivier Py, les spectateurs ont dû attendre jusqu’au dernier moment l’annonce de l’annulation. Car, si le personnel du festival s’était prononcé la veille à 65 % en faveur de la grève, l’abstention lors du scrutin était telle que, samedi, chaque équipe a dû procéder à un vote interne. Quant au Off, le nombre de compagnies ayant refusé de jouer n’a pas été communiqué. Il serait toutefois moins important que le 7 juillet, où environ 10 % d’entre elles avaient fait grève. Si la majorité des compagnies se déclarent solidaires de la lutte lors de leurs spectacles, il n’y a pas d’unanimité quant à la nature de l’action à mener. Bien des compagnies du Off disaient avant le festival leur désir d’inventer des formes d’expression pour signifier leur mécontentement : cela reste compliqué. Si des actions se font, c’est de manière si confidentielle que le public n’en est pas informé. Difficile de jeter la pierre à des troupes qui pâtissent déjà du lent démarrage du festival, mais il n’en reste pas moins que le mouvement manque de visibilité en dehors des jours de grève. La CGT-Spectacle et la Coordination des intermittents et précaires du Festival d’Avignon annoncent des actions pour les 17 et 24 juillet, journées de concertation à Paris dans le cadre de la mission initiée par le gouvernement.

Certes, chaque jour, le collectif du Off, celui du In et les syndicats organisent des assemblées générales et des tables rondes. Mais celles-ci atteignent peu le public. Le 10 juillet, ont également eu lieu un cri collectif d’une minute, un repas en musique et des « animations militantes ». Or, justement, cela reste de l’animation. Le travail commun des collectifs du In et du Off promet davantage. Même s’il faut garder à l’esprit que ce dialogue reste neuf.

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