Grenoble donne la priorité à la concertation

L’association La Cordée souhaite s’impliquer dans le projet éducatif de la nouvelle municipalité.

Claire Chabal  • 28 août 2014 abonné·es
Grenoble donne la priorité à la concertation
© Photo : Claire Chabal

À16 h 35, La Cordée s’anime. Des enfants, dont certains arborent un masque, courent dans les locaux en faisant résonner leurs pas. Cette association d’éducation populaire située à La Villeneuve, à Grenoble, fait partie des intervenants du temps périscolaire sur le quartier. « Nous accueillons les jeunes de 3 à 18 ans et nous portons des actions en direction des familles », explique Pierre-Yves Caussé, le directeur. « Nous allons au-delà d’un accueil de loisirs classique, nous faisons partie des acteurs coéducatifs, souligne-t-il. Si nous touchons de nombreuses familles, c’est grâce au lien tissé pendant des années par l’équipe professionnelle et les animateurs occasionnels. »

La réforme des rythmes scolaires a été mise en place à Grenoble dès septembre 2013. Fabien Malbet, adjoint en charge des écoles, indique que l’ancienne municipalité a souhaité suivre les préconisations de l’Éducation nationale, c’est-à-dire la répartition de manière équitable sur les quatre jours de la semaine des trois heures dégagées par la réforme. « Cela ne laissait qu’une demi-heure de temps périscolaire le soir, précise Fabien Malbet. L’ancien adjoint à l’éducation s’est dit, de manière sensée, qu’il n’était pas possible de pratiquer des activités en une demi-heure. Cette demi-heure, de 16 h à 16 h 30, a donc été mutualisée avec l’accueil du soir, de 16 h 30 à 17 h 30, pour en faire une heure et demie de temps périscolaire, et ce quatre fois dans la semaine. 60 % des élèves restent désormais jusqu’à 17 h 30, ce qui leur fait six heures de plus dans les locaux scolaires. » Le bilan est mitigé, du point de vue de l’élu mais aussi de celui du directeur de La Cordée. « Les enfants étaient plus fatigués, surtout les maternelles, constate Pierre-Yves Caussé, mais peut-être que les équipes éducatives ont trouvé des améliorations sur les temps d’apprentissage. »

Fabien Malbet souligne l’importance du lien entre le temps scolaire et le périscolaire. Ce critère correspond aussi à une demande des intervenants et des associations qu’il a reçus à la mi-juillet. Pour réaliser un temps périscolaire de qualité, Pierre-Yves Caussé assure qu’il est nécessaire qu’un projet commun soit validé par l’Éducation nationale, la Ville et le monde associatif, le but étant que les deux temps correspondent à deux phases dans une continuité. Karim Abdessatar, coordinateur du projet éducatif local de La Cordée, précise : « L’activité représente un moyen pour permettre aux enfants de s’épanouir. Le but est aussi de garantir l’accès de tous aux loisirs. L’idée est de diminuer le temps scolaire : passer par ces temps calmes leur permet d’acquérir de meilleures connaissances par la suite. » De fait, pour Pierre-Yves Caussé, l’enfant apprend autant en dehors de l’école, lors des activités périscolaires, qu’à l’école. Il fait notamment l’expérience de la vie collective et de l’autonomie. « Nous sommes complémentaires autant avec l’école qu’avec la famille », soutient Karim Abdessatar. La Cordée propose de nombreux ateliers éducatifs : cuisine, salsa, magie… Deux animatrices, l’une de l’association et l’autre de la Confédération syndicale des familles, organisent également un « espace créatif parents/enfants » itinérant dans les écoles du quartier. « Le but est de proposer un temps que les enfants partageront avec leurs parents lors d’ateliers artistiques comme les arts plastiques. Cela fonctionne très bien », s’enthousiasme Pierre-Yves Caussé.

À la suite de retours ponctuels lors de sa visite des 78 écoles de la ville, Fabien Malbet a décidé, avec Élisa Martin, première adjointe, en charge du parcours éducatif, de se laisser un an pour effectuer une concertation. « Au premier trimestre, nous réaliserons une évaluation du temps périscolaire, expose-t-il. Au deuxième, nous discuterons des aménagements possibles en fonction des résultats, pour disposer en mars 2015 d’un schéma d’application. » Ce pourrait être deux journées dans la semaine avec un temps périscolaire qui se déroulerait de 15 h à 16 h 30 de manière gratuite. Le reste de la semaine, sauf le mercredi, la journée se terminerait à 16 h 30. L’accueil du soir pourrait devenir payant. Et Fabien Malbet de marteler : « Ce n’est pas à nous de décider ce dont ont besoin les enfants, mais aux enseignants et aux parents d’élèves, qui connaissent mieux leurs enfants. Et comme la configuration des quartiers est différente, je suis favorable à une offre diversifiée. »

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