Manifestation à Nantes : des témoignages dénoncent des provocations policières

Lena Bjurström  • 3 novembre 2014 abonné·es
Manifestation à Nantes : des témoignages dénoncent des provocations policières
© Photo : CITIZENSIDE/GEORGES LEMARIE

«Heurts»* , «échauffourées» , «violents incidents» ,** la manifestation de samedi dernier à Nantes a «dégénéré» . Commencé dans le calme, le défilé en hommage à Rémi Fraisse, militant écologiste tué par une grenade offensive sur le chantier du barrage de Sivens, s’est soldé par des affrontements entre les forces de police et les manifestants, plusieurs blessés du côté de ces derniers et de nombreuses interpellations.

Sur le net, plusieurs articles et témoignages dénoncent un rôle trouble des CRS dans l’emballement des évènements.

Selon le journaliste de Reporterre, «avant même le début de la manifestations, la quasi-totalité de la presse locale titrait sur les violences à venir» , en écho aux incidents qui avaient émaillé le précédent rassemblement contre les violences policières. En réponse, un tract appelait donc cette fois à faire «ce qu’ils n’attendent pas de nous» .

«Les premiers incidents démarrent avec la présence d’un CRS visant les manifestants avec son flashball. Une provocation, puisque la manifestation se déroulait jusque-là dans le calme» , note Reporterre.

Citizen Nantes livre le même témoignage : «C’est en effet à l’angle de la rue de Verdun qu’un policier, armé d’un Lanceur de Balles de Défense (LBD 40), tient en joue la tête du cortège. […] Il est évident que cette arme pointée sur la tête du cortège va faire dégénérer les choses. […] L’arme est dans les esprits des manifestants dont les premiers voient maintenant le policier.»

Images de la manifestation / Yves Monteil - [Page Facebook de Citizen Nantes->https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10152679030923780.1073741837.97948248779&type=1]

La manifestation dégénère. Le cortège est coupé en deux, la foule hurle «Assassins, Assassins !» , et des manifestants sont blessés, comme ce jeune homme touché à la tête par un tir de flash-ball que l’on voit sur cette vidéo de Taranis News.

Une quinzaine de membres de policiers en civils – dont l’apparence, cagoules, sweats noirs, matraques télescopiques, renvoie à l’image des «casseurs» si souvent présente dans les médias – commence les interpellations, rapporte Reporterre.

La manifestation s’est soldée par l’arrestation de vingt-et-une personnes , remises en liberté dimanche. Sept ont fait l’objet d’un rappel à la loi, sept passeront devant le tribunal correctionnel pour «outrages» , «port d’armes» ou «violences sur policiers» . Trois mineurs seront convoqués devant le juge pour enfants.

«Malgré la présence d’une majorité de militants non violents, l’ensemble des personnes présentes à Nantes ce samedi ont été systématiquement qualifiées de « casseurs » dans la plupart des médias et par les partis politiques» , conclut Reporterre.

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