Paroles, paroles

François Hollande ne s’est pas avancé sur le droit de vote des étrangers.

Lena Bjurström  • 18 décembre 2014 abonné·es

Pour ne pas laisser « la place vide pour des discours qui instrumentalisent la peur de la dissolution, de la dislocation, de la disparition » de ceux qui « rêvent d’une France en petit, une France en dépit, une France en repli », François Hollande a prononcé, le 15 décembre, son premier grand discours sur l’immigration, en inaugurant le musée parisien consacré à ce sujet. Une prise de position sur une question qu’il avait, jusqu’ici, prudemment évitée. Selon son entourage, le Président savait son discours « très attendu sur un sujet hautement sensible ». Son intervention, prônant des valeurs pourtant classiques à gauche, deviendrait presque un morceau de bravoure à une époque où l’essai anti-immigration d’Éric Zemmour est un succès de librairie. Presque.

Car si François Hollande n’a pas compté ses mots pour louer une société française « représentée avec toutes les couleurs de la France », il a en revanche économisé ses actes, n’évoquant que des mesures déjà votées ou annoncées, telles que la réforme du droit d’asile ou l’octroi de la nationalité aux chibanis, ces travailleurs maghrébins aujourd’hui retraités en France. Sur le droit de vote des étrangers, pas d’avancée. Même si le chef de l’État s’est déclaré « personnellement favorable », il a surtout rappelé que cela nécessiterait un changement de Constitution, soit le vote majoritaire des trois cinquièmes au Parlement. Or il ne dispose pas de cette majorité-là, il y a donc peu de chance que les étrangers puissent voter à l’issue de son mandat. Quant à la possibilité d’un référendum, elle n’a pas été évoquée. Il y a trois ans, 59 % des Français étaient favorables au droit de vote des étrangers, contre 47 % aujourd’hui (voir notre sondage dans le n° 1328). Sans geste fort, l’opinion semble glisser sur l’air du temps.

Société
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